En cette période de commission Charbonneau où la gouvernance de nos politiciens est remise en cause, je me questionne sur les nombreuses nominations faites par les partis politiques lorsqu'ils prennent le pouvoir.

Normalement, dans le monde du travail, lorsqu'un employeur a un poste à combler, il prépare une description des activités, des responsabilités, et des compétences requises pour occuper ce poste. Cette description est affichée, publiée dans les journaux, sur l'internet et parfois un mandat de recherche est confié à un «chasseur de têtes» afin de dénicher des candidats.

Tout le monde peut consulter la description du poste à combler et poser sa candidature s'il croit posséder les qualifications demandées. Habituellement, plusieurs candidats sont interviewés par les autorités qui tentent de sélectionner la personne la plus compétente à occuper le poste.

Au gouvernement, un certain nombre de personnes sont nommées à des postes prestigieux et généreusement rémunérés sans passer par un processus de sélection, niant ainsi la possibilité à qui que ce soit de poser sa candidature et empêchant l'administration publique de profiter des personnes les plus compétentes.

Bien sûr, les gens qui bénéficient de nominations politiques ont aussi des compétences, mais l'appartenance ou la sympathie envers le parti politique, ou l'amitié avec un ministre ou le premier ministre, sont des critères incontournables. On ne parle pas ici des attachés politiques ou des employés des bureaux des ministres. Il s'agit des cadres supérieurs des ministères ou de sociétés d'État telles Loto-Québec, Hydro-Québec, ou la SGF.

Pour décrocher un emploi de technicien à la CSST ou de commis à 35 000$ par année à la SAAQ, les candidats doivent se soumettre à des concours et passer des tests à n'en plus finir, alors qui si vous avez été un bon serviteur du parti, le gouvernement au pouvoir peut vous offrir en guise de remerciement un poste de cadre supérieur payé des centaines de milliers de dollars à même nos impôts. Est-ce qu'offrir ou recevoir de telles gratifications est plus éthique que d'accepter en cadeau des billets de spectacles?

Par exemple, comment le libéral Pierre Bibeau a-t-il obtenu un poste de vice-président à Loto-Québec? Pourquoi le péquiste Nicolas Girard est maintenant président de l'AMT? Selon quel principe démocratique peut-on justifier la nomination d'André Boisclair au poste de délégué général du Québec à New York? Comment ont-ils été sélectionnés autrement que par leur fidélité au Parti québécois et leur amitié avec la première ministre Marois? Sont-ils les seules personnes compétentes, voire les plus compétentes dans tout le Québec pour occuper ces postes? On ne le saura jamais, puisqu'on n'a donné à personne d'autre la possibilité de soumettre leur candidature.

Est-ce que le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, serait prêt à réclamer auprès de la première ministre un règlement concernant la sélection de tous les candidats aux fonctions supérieures du gouvernement et des sociétés d'État de la même façon qu'on le fait pour l'ensemble des employés de la fonction publique?

La formation de comités de sélection apolitiques me semble la meilleure garantie d'une gestion équitable des ressources humaines du gouvernement. Sinon, ne nous demandons pas pourquoi s'exprime le cynisme de la population envers les politiciens. Pour le moment, on peut dire qu'au Québec, politique rime plutôt avec népotisme.