Le sommet sur l'enseignement supérieur qui se déroulera en février 2013 doit avant tout mettre l'accent sur le vrai enjeu, soit le déficit de crédibilité publique des universités québécoises.

Bien que ce sommet soit précédé de quatre rencontres préalables portant sur la qualité de l'enseignement, l'accessibilité et la participation, la gouvernance et le financement, et enfin la contribution des établissements et de la recherche au développement de l'ensemble du Québec, on ne peut passer sous silence certains choix de dépenses discutables, comme l'investissement de l'UQAM dans l'îlot Voyageur à Montréal et la multiplication de campus régionaux concurrents financés par les mêmes fonds publics.

Le sommet aura atteint ses objectifs si la population du Québec reprend confiance en nos institutions universitaires, à commencer par une plus grande transparence dans la saine gestion des fonds publics qui leur sont confiés et par une plus grande responsabilité sociale quant à leur mission d'enseignement. Les universités ne sont-elles que des usines à diplômes?

Si plusieurs centaines de milliers d'étudiants ont fait la grève le printemps dernier, ce n'est pas seulement par caprice corporatiste afin de payer moins de droits de scolarité, mais aussi parce qu'ils sont témoins jour après jour de la détérioration de la qualité d'enseignement et de certaines dérives budgétaires.

En effet, n'est-il pas rare de constater l'augmentation phénoménale du nombre de chargés de cours moins bien payés, plutôt que l'embauche de professeurs réguliers? Pendant ce temps, nous assistons paradoxalement à une augmentation tout aussi phénoménale de nouvelles constructions, comme si le manque d'argent n'était pas vraiment un problème, du moins en apparence?

Y a-t-il oui ou non un manque d'argent dans les universités? Un constat s'impose: oui pour l'enseignement, non pour le béton. Alors, est-ce un problème de priorités? À la faveur du mouvement de contestation du printemps érable, les associations étudiantes ont sonné la charge quant au déficit de crédibilité dans la bonne gestion des universités, d'où le refus pour bon nombre d'entre eux de contribuer davantage au financement de leurs études.

Doit-on réformer pour autant les universités québécoises ou faire seulement du «façadisme» en cherchant à plaire superficiellement à certaines demandes corporatistes? L'accessibilité est-elle un faux problème face à l'absence de mission sociale claire des universités québécoises? Par ailleurs, ont-elles un rôle à jouer, à part la formation de «têtes bien pleines» ? Les universités doivent-elles également former des «têtes bien faites» en diplômant des citoyens responsables soucieux de remplir un rôle utile pour régler nos problèmes sociaux et économiques les plus urgents?

Espérons que le sommet sur l'enseignement supérieur portera bien son nom et qu'il accouchera de réflexions innovatrices quant à l'avenir de nos institutions universitaires.