Le nouveau portrait de la situation linguistique dans la métropole reflète des tendances particulièrement positives et encourageantes. Des données tirées du dernier recensement démontrent que parmi les habitants de l'île de Montréal, pas moins de 85% parlent français.

De plus, un nombre grandissant de résidants sont non seulement bilingues, mais trilingues. Cette évolution représente un véritable atout socioculturel et économique pour notre avenir dans le village global.

Montréal attire de plus en plus d'étudiants et d'immigrants de par le monde grâce à son dynamisme, tout en s'affirmant comme métropole francophone.

Le gouvernement du Parti québécois devrait accueillir cette réalité favorablement et en tirer avantage dans ses politiques d'ouverture sur le monde, au lieu de sonner l'alarme concernant un léger recul du groupe de langue maternelle française dans l'île de Montréal.

Une forte majorité d'entre nous recherche aujourd'hui un climat d'inclusion, plutôt que des «politiques d'identité» qui sèmeraient la division.

Espérons que la STM saura éviter de nouveaux affrontements dans son réseau impliquant certains employés intolérants qui insultent des passagers anglophones qui osent poser des questions en anglais.

En tant qu'anglophone de souche née à Montréal, toujours solidement attachée au Québec, j'ai observé une profonde transformation du climat social depuis les élections de 1976 et le référendum de 1980.

J'ai été la seule anglophone à siéger au Conseil de la langue française. Durant nos discussions animées sur l'enseignement du français et de l'anglais ou la déconfessionnalisation des écoles, j'ai compris que plusieurs Québécois francophones se sentaient vulnérables en Amérique du Nord, entourés de 300 millions d'anglophones.

Dans sa forme actuelle, la loi 101 fonctionne bien et donne les résultats escomptés. Les enfants des immigrants vont à l'école française. Un grand nombre d'immigrants issus de pays «autres» (ni francophones ni anglophones) parlent français à la maison en plus de leur langue maternelle.

Depuis la fin des années 60, alors que les écoles anglaises ont lancé des programmes d'immersion française, le taux de bilinguisme a grimpé chez les jeunes anglophones. Aujourd'hui, pour le groupe de 14 à 25 ans, ce taux atteint 79%.

Montréal la magnifique fait maintenant figure d'une ville francophone avant tout, mais aussi multilingue. Les citoyens vivent généralement en harmonie et un grand nombre parlent l'anglais, ce qui est normal.

La plupart des non-francophones de diverses origines comprennent que le français est la langue commune, en public et au travail, et qu'il nous incombe tous de collaborer entre nous.

Afin de poser des gestes rassembleurs, la première ministre Pauline Marois pourrait se mettre à l'écoute de la population, en particulier des jeunes gens. Elle découvrirait une ville extraordinaire si elle décidait un jour de voyager en métro. Elle rencontrerait des jeunes de tous les horizons qui causent tantôt en français, tantôt dans leur langue maternelle ou en anglais. Par exemple, j'ai vu des étudiants d'origine asiatique qui dialoguaient entièrement en français d'ici.

Je suis persuadée que nos jeunes, peu importe leur provenance, ressentent un attachement réel pour le Québec. Mais ils deviennent également des citoyens du monde. Ils voyagent et s'intéressent au sort des autres peuples, en plus de s'impliquer en faveur de l'environnement et contre la pauvreté.

Étant donné la baisse de la natalité, l'avenir du Québec dépend de plus en plus de l'apport de ces jeunes immigrants dynamiques et souvent trilingues. Ils sont prêts à travailler fort et à contribuer à notre essor. Leur connaissance de leur pays d'origine aidera sûrement les entreprises québécoises à prendre de l'expansion au plan international.

Mais attention! L'adoption de politiques linguistiques inutilement restrictives dans le monde des affaires et dans l'enseignement supérieur risquerait de chasser plusieurs nouveaux venus talentueux.

Ce serait pour nous une perte coûteuse.