Il n'y a pas si longtemps, il était de mise dans les milieux informés ou chez les humoristes de se bidonner à l'évocation de Laval, de son maire et de ses élites politiques. En ce moment, il faut peut-être en rire encore pour conserver une bonne santé mentale, mais d'un autre côté, la situation d'ensemble doit être prise au sérieux.

À Laval, les représentants du peuple et de l'État viennent de perdre une très grande partie de leur crédibilité et même de leur légitimité. L'État lui-même comme lieu de puissance, de force et de cohésion, risque de sortir affaibli face à la corruption qui s'apparente à une forme maligne de cancer. L'État lavallois, dans certains domaines dont celui de l'urbanisme et de l'immobilier, est désormais soumis aux diktats d'entrepreneurs qui possèdent beaucoup d'argent. Ces gens se voient au dessus des lois et de la règlementation municipale.

Une grande partie des élus, quant à eux, ne sont plus au service des citoyens. Élus et gestionnaires municipaux ne font plus respecter les normes liées au respect de l'ordre public et du bien commun.

Et le comité exécutif de Laval de faire croire à la population qu'il n'y a pas de crise, que tout va bien dans le meilleur des mondes. Le comité exécutif de la Ville de Laval souffre du «syndrome Tremblay»: après des années au pouvoir, il n'a encore rien vu d'irréprochable dans la gestion de la ville et il n'est responsable de rien. Ce comité exécutif qui, avec le maire, prend des centaines de décisions chaque semaine pour le bien-être de la communauté lavalloise, se voit blanc comme neige.

Les fonctionnaires eux-mêmes vont continuer de «fonctionnariser», c'est-à-dire de donner des services comme si de rien n'était. Tout se passe au-dessus de leur tête. Ils ne sont pas touchés par les soupçons qui pèsent sur le numéro un de Laval, le maire Gilles Vaillancourt. Aucune crise, aucun remords, aucune autocritique, pas la moindre trace de culpabilité. Le maire est fortement soupçonné de collusion, d'avoir mis sur pied un système de ristournes qui rapportent à bien du monde, le comité exécutif s'en lave les mains de même qu'une bonne partie de la bureaucratie municipale. Personne n'est en somme responsable de ce qui arrive.

Qu'en est-il maintenant du peuple lavallois? Peu ou pas de réactions aux magouilles actuelles, sauf exception, dans les journaux locaux. C'est l'omerta, la loi du silence. Personne ne prend la parole sauf du côté d'une petite opposition mal connue qui dénonce depuis quatre ans les malversations de l'administration Vaillancourt. Opposition qui, d'ailleurs, n'a pas réussi à faire élire le moindre candidat lors des élections de 2008 et bien avant cette date.

Les Lavallois, de même que bien d'autres citoyens à travers le Québec, sont maintenant placés devant eux-mêmes face à la politique. Ils peuvent choisir de ne rien faire ou de se débarrasser des politiciens qui ont fait main basse sur leur ville. Les sauveurs sont cependant plutôt rares au sein des élites actuelles. Il faut désormais compter sur les forces vives du milieu. Il faut au pouvoir des citoyens honnêtes, dotés de bonnes capacités de gestion, désireux d'établir les bilans qui s'imposent et de gouverner le plus possible dans le sens du bien commun de la cité.

À Laval, présentement, ces citoyens se lèvent. Lentement, mais sûrement. Ils seront là dans un an pour faire la lutte au parti unique au pouvoir depuis trop longtemps. Des alliances devront cependant se conclure, car le parti municipal au pouvoir est encore loin d'une disparition en bonne et due forme.