Une industrie québécoise du gaz naturel contribuerait à construire un Québec plus fort. Cela voudrait dire un prix du gaz moins élevé et d'importantes économies, tant pour les ménages que pour les entreprises. Les entreprises québécoises seraient donc plus compétitives, ce qui signifie davantage d'exportations, plus d'emplois et moins d'émigration.

L'exploitation du gaz de schiste n'a pas à se faire aux dépens de l'environnement. La production de gaz naturel représente la plus simple et rentable façon de réduire les émissions de CO2 en Amérique du Nord, et cela inclut aussi le Québec.

En s'assurant de la protection des eaux souterraines et d'une réglementation sécuritaire lors de la fracturation hydraulique, le Québec n'a pas à réinventer la roue. L'Alberta est en mesure et serait heureuse de partager son expérience et son expertise quant à la fracturation. D'autant plus que grâce à sa géologie unique, le Québec a l'opportunité de mettre en place la production de gaz naturel la plus verte qui soit en Amérique du Nord.

Le développement du gaz de schiste au Québec n'a pas non plus à être une proposition à prendre ou à laisser. Il serait possible de procéder à un projet-pilote plus modeste, qui permettrait d'en évaluer les impacts sociaux, économiques et environnementaux. Cette option a également été recommandée au Nouveau-Brunswick.

Tant en mon statut d'Albertain que de Canadien, je crois que ces ressources de gaz de schiste offrent aux Québécois une occasion unique de changer la trajectoire de leur économie politique. Que ce soit dans une optique globale ou nationale, il y a une corrélation directe entre une économie en santé et l'influence politique. D'autre part, une économie faible et dépendante n'est pas un atout politique, particulièrement pour une juridiction qui aspire à une plus grande autonomie pour dessiner son avenir.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Alberta était la province la plus pauvre du Canada, et n'avait peu ou pas d'influence à Ottawa. Aujourd'hui, elle est la province la plus aisée du Canada. Et nous avons maintenant une influence auprès d'Ottawa (ainsi que sur Bay Street) qui est plus représentative de notre contribution à l'économie canadienne.

Sur un même laps de temps, le Québec est passé de l'une des provinces les plus riches et influentes à une province «dans le besoin», la plus large bénéficiaire de la péréquation, une province dont le pourcentage de députés québécois à la Chambre des communes est en baisse constante et dont l'influence à Ottawa diminue en conséquence.

Depuis la Révolution tranquille, les leaders politiques de tous les partis n'ont pas réussi à connecter avec votre désir partagé d'une plus grande autonomie politique et des politiques économiques qui s'y rattachent - politiques qui nourrissent et facilitent une plus grande autonomie politique.

Durant la même période, en Alberta, la force de notre économie a contribué à notre force politique, grâce à la croissance économique amenée par le développement de nos ressources pétrolières et gazières.

Aujourd'hui, vos ressources de gaz naturel offrent au Québec une occasion similaire - occasion qui n'a pas à survenir au détriment de votre environnement ou de votre qualité de vie. En fait, lorsque fait de la bonne manière, le développement du gaz de schiste peut améliorer les deux.

Si vous choisissez cette avenue, je suis convaincu que vous trouverez en l'Alberta une alliée aidante, non seulement de par le partage des meilleures technologies et réglementations du gaz de schiste qui sont, mais aussi pour déterminer la nature évolutive du fédéralisme canadien dans une direction qui respecte et accroît l'autonomie politique de provinces telles que le Québec et l'Alberta.

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Ce texte est un extrait de la présentation de M. Morton au congrès général annuel de l'Association pétrolière et gazière du Québec, lundi dernier à Montréal.