Le côté colonisateur du Canada est peu connu. Ce n'est pas surprenant puisqu'on parle peu, dans les médias et les écoles, du paternalisme dont sont depuis longtemps victimes les autochtones.

Ces derniers jours, il est question de projets de loi de la Chambre des communes visant à remplacer la Loi sur les Indiens. Des projets qui ont été élaborés sans même consulter les premiers concernés.

Faut-il rappeler que la Loi sur les Indiens a été adoptée dans un objectif d'assimiler totalement les « Indiens » (les Premières Nations) à la société canadienne ? Cette loi, dont la majorité des dispositions sont demeurées pour l'essentiel inchangées depuis le 18e siècle, repose sur une idéologie raciste selon laquelle les « Indiens » sont des êtres « sauvages » qu'il faut « civiliser ».

Bien sûr, les temps ont changé et l'esprit derrière la loi n'est plus le même. Il n'est plus question « d'assimiler » ou de « civiliser » les « Indiens », mais on voit que le sentiment paternaliste continue malgré tout de subsister. De quel droit le gouvernement canadien peut-il prétendre connaître ce qui est bon pour les « Indiens », sans même les consulter ? Ce n'est peut-être plus du colonialisme, mais ça demeure du paternalisme.

Et ce phénomène n'est pas propre au gouvernement. On le voit aussi dans l'entreprise privée. Par exemple, le Comité sectoriel de la main-d'oeuvre de l'industrie minière (CSMO-Mines) a récemment dévoilé son projet « DREAM » (pour Développement, Rétention, Emploi, Autochtone, Minier) qui vise à attirer, former et retenir la main-d'oeuvre autochtone dans le secteur minier. Louable objectif. Or, bien que le CSMO-Mines affirme avoir travaillé pendant deux ans au développement de ce projet, celui-ci a été dévoilé sans un partenariat avec les organisations autochtones concernées. Dans un article à ce sujet publié récemment dans le journal Les Affaires (« Les minières ont un dream pour former les autochtones», 13 octobre),  on y lit : « Quant aux autochtones, ils l'examinent. Des contacts ont été établis... »

En lançant ce projet, CSMO-Mines dit vouloir rendre les autochtones « plus responsables, plus autonomes et mieux intégrés au sein de l'entreprise ». On est loin d'une relation « de nation à nation », une expression qu'avait même utilisée Jean Charest lorsqu'il vantait son Plan Nord. Or, lorsqu'on est dans une relation de nation à nation, il faut impliquer les autochtones en amont des décisions et des annonces, il faut les impliquer dans le développement des politiques et des programmes. Si on veut vraiment des autochtones « plus responsables et plus autonomes », il faudrait commencer par arrêter d'être paternaliste à leur égard.