Depuis l'élection du gouvernement Marois et son annonce des hausses d'impôt sur le revenu, les gains en capital et les dividendes, rétroactives de surcroit, les médias abondent d'analyses et d'opinion sur leur caractère équitable et leur impact.

Un Québécois gagnant 300 000$ paie déjà 128 082$ en impôts. Ce niveau d'impôt est le plus élevé en Amérique du Nord et parmi les plus élevés au monde. Notre table d'impôt est également parmi les plus «progressives». Malgré tout, le Québec peine à boucler son budget, même après avoir reçu 7,6 milliards en péréquation. Le Québec est aussi une des juridictions les plus pauvres d'Amérique du Nord, malgré nos ressources naturelles et notre potentiel humain. Pourquoi?

Le Québec a fait le choix de redistribuer au maximum la prospérité dans le but de créer une société égalitaire, mais plus... pauvre. Tant la classe moyenne que les «mieux nantis» ou les «privilégiés» sont surtaxés et surendettés, pour financer un système qui ne profite qu'à bien peu de gens: les quelques entreprises faisant affaire avec l'État, les employés de la fonction publique bénéficiant de conditions inaccessibles dans le secteur privé, et les politiciens qui profitent de l'argent des autres pour faire des promesses afin de se faire élire.

Puisque l'État confisque la richesse de tout un chacun, c'est au gouvernement qu'il faut s'adresser pour ses faveurs: gel de ceci, subvention de cela, l'État distribuant les cadeaux payés par l'argent des autres.

Et si le Québec faisait un choix différent? Si demain, le Québec virait à 180 degrés et disait, c'est fini, nous changeons de modèle? Que se passerait-il si le Québec adoptait une «flat tax», cet impôt à taux unique, applicable aux individus comme aux entreprises, où tout le monde paie le même pourcentage de ses revenus, après un minimum non imposable correspondant au coût de la vie minimal (13 000$ par exemple, comme actuellement)? Un impôt juste - tout le monde paie à la hauteur de ses moyens - et incontournable, puisque les déductions sont abolies. Cet impôt à taux unique a été adopté par de nombreux pays d'Europe de l'Est, qui ont auparavant connu la débandade du communisme, et six États américains, dont le Massachusetts et l'Illinois.

Dès ce moment, tout change. Le Québec devient un paradis pour les créateurs d'emplois, les entrepreneurs, les preneurs de risques. Les plus dynamiques et créatifs d'entre nous restent ici, où les conditions sont meilleures que partout ailleurs, pour fonder des entreprises qui produisent et exportent, amenant une richesse qui se propage. Le chômage diminue, les salaires augmentent. Les immigrants qualifiés veulent se joindre à nous pour améliorer leur sort et profiter de cette prospérité. La croissance économique s'accélère, tous les Québécois s'enrichissent. Même avec notre taux d'impôt bas, nos services publics sont bien financés, l'État bénéficiant aussi de la croissance et de la prospérité.

Notre richesse dépasse les autres provinces canadiennes, qui stagnent en comparaison. Le Québec paie de la péréquation! Faudrait même songer à se séparer!

Évidemment, ceci ne se produira jamais au Québec. Les opposants prévisibles se manifesteront: Amir Khadir et Françoise David, la CSN et la FTQ, les organismes «sociaux». Les défenseurs du statu quo, qu'on appelle les «forces vives» du Québec, jugeront que les «riches» ne font pas leur part, qu'un impôt trop bas nuit au développement du Québec, sans se soucier des conséquences sur toute la population qu'ils disent défendre.

Ceux qui rêvent de transformer le Québec veulent souvent le déplacer encore plus à gauche, le taxer encore plus, l'appauvrir, l'étrangler. En rêvant différemment, je me sens souvent bien seul.