Face à la crise du crédit générationnelle qui englobe le monde occidental depuis 2008, les banques centrales, sous le leadership de Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine (FED), ont adopté une politique de taux d'intérêt très bas. Ces taux sont gardés artificiellement bas dans le court terme par le biais d'un taux directeur très près de 0%, et dans le long terme, par l'achat massif,  de la part des banques centrales,  des obligations gouvernementales.

Depuis un an, la FED aurait acheté 75% de la dette émise par le gouvernement américain. Conséquemment, une obligation américaine d'une durée de 10 ans offre un rendement d'environ 1,65% en ce moment. Ce type d'intervention des banques centrales s'appelle « répression financière ». Des milliers de textes ont été publiés à ce sujet depuis 5 ans.

Il faut comprendre qu'avec des taux qui varient entre 0% et 1,65%, et une inflation « officielle » qui est d'environ 2,0%, tant qu'on y exclut l'énergie et la nourriture, le taux réel de ces obligations est négatif. C'est donc dire qu'en investissant dans une obligation 10 ans, l'investisseur perd de l'argent en dollar réel, car son rendement dans un an aura été moindre que le taux d'inflation. C'est aussi ça, la répression financière.

Si les taux sont gardés artificiellement si bas, c'est d'une part pour tenter de relancer l'économie, mais aussi beaucoup pour aider les banques américaines et étrangères à réparer leurs bilans déficients. Ces banques empruntent des milliards à court terme de la FED à presque 0%, pour acheter des obligations à plus long terme, et elles empochent ainsi un profit quasi-garanti, réparant ainsi ces bilans déficients.

Les banques canadiennes sont en bien meilleure santé.

Ici, si nos taux sont aussi bas qu'au États-Unis, c'est beaucoup parce que notre situation financière est plus saine, et aussi, parce que si le gouverneur de la Banque centrale du Canada, Mark Carney, adoptait une politique de taux plus élevé, notre devise exploserait, avec des conséquences funestes sur les exportations et l'emploi.

Évidemment, cette politique de répression financière amène son lot de conséquences. Il y a évidemment les dommages collatéraux de taux très bas pour les épargnants qui maintenant ont un rendement réel négatif sur leurs épargnes, et il y aura bientôt de nombreuses conséquences accidentelles, une reprise forte de l'inflation n'étant pas à exclure.

Évidemment, pour le ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, ce que je viens d'écrire devrait être élémentaire.

Or, ajoutant l'insulte à l'injure, M. Marceau a décidé de pénaliser une seconde fois, les principales victimes de cette répression financière, les petits épargnants.

Ceux-ci, face à des rendements anémiques et négatifs, ont changé leur comportement d'investisseurs au cours des dernières années, et n'ont eu d'autres choix que de quitter les placement garantis pour investir une partie de leurs épargnes en actions privilégiées ou ordinaires, pour ainsi tenter de faire fructifier un peu mieux leurs épargnes ou simplement pour un retraité, de recevoir les flux monétaires nécessaires à la continuation normale de son quotidien. Évidemment, de ce fait, ils prennent plus de risques.

En 2009, selon les dernières statistiques disponibles, ils ont été 813 393 au Québec à faire ce choix. Ils sont sûrement encore plus nombreux aujourd'hui.

Dans un monde juste, cette répression financière causée par les banques centrales et subie par les petits investisseurs aurait dû être compensée par la classe politique, laquelle par des mesures fiscales adaptées à cette situation, aurait ramené un sens d'équité.  Au Québec, c'est exactement le contraire qui vient d'être fait. Les plus récentes mesures fiscales annoncées par le gouvernement Marois vont pénaliser pour une deuxième fois ces 813 393 épargnants et retraités.

Au Québec, on vient de décider qu'on entrait dans l'ère de la répression financière 2.0 !