C'est officiel! Les organismes génétiquement modifiés (OGM) constituent un risque pour la santé humaine. Le plus récent numéro du Nouvel Observateur annonce que les consommateurs doivent, plus que jamais, craindre les OGM.

Le périodique bien connu se base sur une étude publiée en septembre dans la revue de l'éditeur scientifique Elsevier, Food and Chemical Toxicology. Comparativement à d'autres études du même genre, elle a le mérite d'être publiée dans une revue scientifique de bon aloi.

L'étude a été menée sur 200 rats qui ingéraient un type de maïs transgénique, le NK603, pendant une période de deux ans. Le NK603, un produit de la géante Monsanto, est cultivé dans plusieurs pays, incluant le Canada, depuis plusieurs années. Ce maïs pourrait se retrouver dans plusieurs produits alimentaires dont les céréales, les biscuits apéritifs, la chapelure, les plats cuisinés, les sauces, les crèmes-desserts, les potages ou encore les pâtisseries. L'examen publié récemment englobait aussi un groupe-contrôle de rats afin de faire des comparaisons.

Après deux ans, les rats dans le groupe-test prédisposés à développer des tumeurs cancéreuses en ont développé à un rythme trois fois plus élevé. Certes, ce sont des résultats troublants, mais il faut tout de même les accueillir avec un peu de réserve.

Bien sûr, toute étude doit être scrutée à la loupe, celle-ci ne faisant pas exception. D'ailleurs, l'Union européenne annonçait récemment qu'elle passerait au peigne fin les résultats de cette recherche. Ce n'est pas rien, mais en la lisant, les législateurs européens risquent d'être déçus.

La méthodologie lacunaire de l'étude dérange à plusieurs niveaux. D'abord, les pratiques statistiques semblent violer les normes scientifiques du domaine. En second lieu, l'étude ne s'appuie peut-être pas sur un échantillonnage de rats qui permettrait aux chercheurs d'arriver à des résultats probants. En troisième lieu, pour conclure qu'un tel produit est nocif pour la santé animale, une étude doit nécessairement inclure un échantillonnage d'une dimension plus importante. Finalement, la quantité de maïs octroyée et consommée par le groupe-test paraît excessive.

L'étude contribue manifestement à la science à sa façon, comme toutes les autres études. Par contre, vu la nature politique des OGM, le fait d'avoir médiatisé les résultats avant la publication même de l'étude a créé un malaise dans la communauté scientifique. Outre le New England Journal of Medecine, il est très rare de voir un tel ouvrage diffuser des résultats avant la publication d'une recherche. Pour la revue Food and Chemical Toxicology, c'était la première fois en 50 ans d'existence. Nous nous demandons pourquoi une telle étude a été publiée par une revue aussi réputée. Inférer qu'il s'agit d'une très mauvaise recherche est nettement juste, mais compte tenu de la qualité de la revue en question, il est difficile de conclure qu'il s'agit d'une recherche malhonnête.

L'étude soulève encore une fois le débat de l'étiquetage obligatoire des OGM au Canada. Plusieurs consommateurs se méfient parfois de façon inhérente d'une biotechnologie vide de sens pratique. L'étiquetage des produits contenant des OGM s'inscrit dans une mouvance vers une sensibilisation collective envers une technologie qui favorise une agriculture plus concurrentielle. Depuis 1994, les arguments qui démontrent que les OGM servent bien l'agriculture mondiale s'accumulent, mais certains consommateurs demeurent sceptiques. S'il est obligatoire d'indiquer la présence d'OGM dans les produits alimentaires depuis 1997 en Europe, il est temps que l'Amérique fasse preuve de transparence et contraigne l'industrie alimentaire à les libeller correctement.

Depuis des années, Monsanto et les autres géants de la biotechnologie ont investi des millions à vendre les vertus des OGM aux agriculteurs. Il est temps que ce groupe fasse la même chose auprès des consommateurs. Démystifier les OGM devrait être une priorité pour l'industrie et pour nos législateurs canadiens.