Quelques jours après l'élection de votre gouvernement, vous nous avez promis un gouvernement d'écoute et de dialogue. Je constate que vos premières annonces démentissent déjà cet engagement, surtout en ce qui concerne l'annonce de la fermeture de la centrale nucléaire de Gentilly-2.

Cette annonce me semble précipitée, et la population doit entendre les justifications de cette décision. Quels sont les critères qui ont été utilisés pour sonner le glas de cette industrie au Québec?

Votre jeune équipe ministérielle a-t-elle seulement eu le temps de mesurer les implications de cette fermeture sur les travailleurs de ce domaine à la fine pointe de la science et de la technologie? Implication sur les centaines de spécialistes dans la région de la Mauricie, mais aussi sur des spécialistes à Montréal, des consultants, des universitaires, etc. Avez-vous considéré l'avenir de l'institut de génie nucléaire affilié à l'École Polytechnique? Avez-vous tenu compte des centaines de millions déjà investis dans ce projet? Avez-vous pris le temps d'évaluer le coût de l'annulation de ce projet? Avez-vous tenu compte du succès d'un projet en Corée du Sud sur une centrale identique? Et considéré combien allait coûter l'énergie produite par la centrale rénovée par rapport à d'autres sources d'énergie?

Savez-vous que le Québec sera le seul endroit qui a jugé bon de ne pas rénover une centrale de type CANDU 6? Et que Gentilly a servi en 1999 de centre de formation aux opérateurs de la centrale Qinshan en Chine, similaire à Gentilly?

L'abandon de ce projet indique surtout la fin de l'expertise québécoise dans ce domaine, que je considère d'avenir comme technologie sûre pour produire de l'énergie propre sans émission de gaz à effet de serre. Cette expertise sera désormais perdue à jamais pour les générations futures au Québec.

J'ai été atterré par le manque de justifications fournies lors de l'annonce de la fermeture de la centrale. Quel étonnant dogmatisme d'un gouvernement voulant faire preuve d'écoute! Je me crois revenu au Moyen Âge, avec une peur irrationnelle et un refus devant les choses qu'on ne comprend pas. Avez-vous des conseillers scientifiques dans votre équipe, ou seulement d'anciens activistes?

Je reconnais tout à fait le droit du gouvernement de décider d'abandonner cette technologie, mais nous avons tous droit à un justificatif sur ce décret qui a un impact sur un domaine entier d'expertise scientifique et indirectement sur la société québécoise. Nous avons droit de connaître les coûts et les impacts scientifiques et socioéconomiques à long terme de cette décision.

Je suis fier d'avoir travaillé dans cette industrie de pointe pendant plus de 20 ans et d'avoir contribué à former de jeunes spécialistes dans le domaine de la sûreté nucléaire. Je suis maintenant triste et déçu d'avoir à leur conseiller d'aller poursuivre leur carrière ailleurs, à un endroit plus ouvert au progrès scientifique.