Le foetus est-il un être humain? Telle est la question posée par le député conservateur de Kitchener-Centre, Stephen Woodworth. Ou plutôt la question qu'il aimerait que se posent les Canadiens, car son idée semble toute faite.

Beaucoup de députés conservateurs semblent d'accord avec lui pour mettre à jour la définition canadienne d'un être humain, vieille de 400 ans. Soit! Il n'y a rien de mal à mettre à jour un texte de loi, mais s'agit-il vraiment de cela?

Que nenni! Personne n'est dupe, tout le monde a compris que le but de cette manoeuvre était de pénaliser l'avortement. Cet acte médical obsède bien des hommes. Combien de femmes voit-on en figure de proue pour la pénalisation de l'avortement? Très peu, il faut le reconnaître. Peut-être que j'aurais plus de compréhension pour Stephen Woodworth si son prénom était Stéphanie.

Je suis injuste, cela semble partir d'un bon sentiment. Il semble primordial de dépenser l'argent des contribuables en mettant en place un comité parlementaire chargé de déterminer à quel moment de la gestation un foetus devient un être humain. Si les femmes (ces ignorantes) comprenaient mieux la science, elles éviteraient de détruire des vies humaines à venir. Ah les femmes, il semble qu'il faille tout leur expliquer!

Peut-être faut-il expliquer à ces mâles virils pourquoi la majeure partie de ces pauvres femmes qu'ils essaient de sauver d'elles-mêmes à tout prix tiennent au droit à l'avortement?

L'avortement n'est pas un moment de gloire dans la vie d'une femme, cet acte résulte d'un questionnement interne et d'un aveu de faiblesse, celui de reconnaître qu'on n'est pas prête à être mère. Cependant, il ne doit pas être un moment de déshonneur non plus. Il ne faut plus que les femmes aient recours à des faiseuses d'anges dans la noirceur d'une salle infestée au risque de leur vie. Non, la naissance d'un enfant ne doit pas être un acte subi. Quant à ceux qui imaginent qu'il serait préférable de se départir d'un enfant à sa naissance, l'abandon d'un enfant n'est pas plus convenable.

Le droit d'avoir recours à l'avortement ne signifie pas que toutes les femmes avorteront une fois dans leur vie. Il est tout à fait correct d'être contre l'avortement et de ne jamais y avoir recours quels que soient les aléas de la vie. Il est tout aussi acceptable de recourir à un avortement sans avoir à demander la permission à un mari ou à un père. Cela fait partie de nos droits en tant que femme adulte et responsable d'elle-même.

Le droit des femmes à disposer de leur corps garantit la liberté de chaque femme de choisir d'être mère ou pas, sans devoir expliquer sa décision à qui que ce soit, si ce n'est à elle-même. En ce sens, le droit à l'avortement garantit aux femmes le droit d'être des êtres humains.