La première échéance importante du nouveau gouvernement du Québec est la tenue d'un sommet sur l'éducation. En effet, la première ministre, qui est entrée en fonction avant-hier, s'est engagée à tenir ce sommet dans les 100 premiers jours de son mandat. Pour Mme Marois, la réussite de cet événement est d'une importance majeure parce qu'il donnerait un élan certain à son gouvernement qui a peu de temps devant lui pour faire ses preuves.

D'une part, la première erreur à éviter est de transformer ce sommet sur l'éducation en grand-messe visant essentiellement des objectifs médiatiques et électoralistes. Le conflit étudiant a profondément divisé la société québécoise et les résultats de cette rencontre devront permettre de recréer des consensus sur les défis qui confrontent le monde de l'éducation et les solutions à y apporter.

D'autre part, l'attitude du gouvernement précédent de discréditer le mouvement étudiant et ses sympathisants a laissé un goût amer non seulement chez bien des étudiants, mais aussi au sein d'une partie non négligeable de la population. Il faut donc que le processus qui entoure la préparation et la tenue du sommet soit exemplaire et redonne confiance en la démocratie québécoise et ses institutions.

En ce sens, la première chose à faire, comme le PQ s'y est engagé, était d'éliminer tous les obstacles à un débat serein comme la loi 12 qui limite, entre autres, le droit de manifester, ainsi que la hausse des droits de scolarité de 82% sur sept ans annoncée par les libéraux. Ce que Mme Marois a annoncé hier.

Le nouveau ministre de l'Éducation supérieure, Pierre Duchesne, devrait s'inspirer pour la préparation de ce sommet de ce que certains appellent la «démocratie ouverte», dont les principes sont la transparence, la participation et la coopération. La transparence nécessite de rendre disponibles aux intervenants intéressés et au public toutes les données nécessaires à un débat éclairé. Une lecture commune de l'état des lieux est essentielle pour arriver à des solutions partagées. Pour que ces informations aient de la crédibilité, il faut qu'elles soient validées par un comité d'experts indépendants. Pour moi, c'est la première étape et le nouveau ministre doit rapidement mettre en place ce comité.

Les nouvelles technologies donnent des canaux diversifiés pour que les Québécois de toutes les régions aient un accès facile à toutes ces données et puissent participer à l'élaboration des solutions nécessaires pour favoriser l'accès à l'éducation supérieure. La participation des citoyens peut non seulement influencer les choix gouvernementaux, mais aussi les sensibiliser à d'autres façons de faire. En définitive, c'est l'appui de la population à une vision ou une autre de l'éducation supérieure qui est la meilleure garantie de sa mise en oeuvre par le pouvoir politique.

Lors de la présentation de son cabinet, la première ministre Pauline Marois a souligné que son gouvernement allait travailler sur ce qui unit les Québécois. C'est cette approche de coopération en vue de dégager des consensus sur les solutions à mettre en place qui doit prévaloir parmi les participants au sommet sur l'éducation. Cela ne se décrète pas, mais le gouvernement peut prendre les moyens pour que les discussions se mènent dans un climat de confiance et d'ouverture.