Pourquoi l'unifolié au Salon rouge?

Pourquoi l'unifolié au Salon rouge?

Pierre-Paul Sénéchal, ex-conseiller du gouvernement du Québec en affaires institutionnelles.

Qui dira que la question des emblèmes et des drapeaux n'a pas d'importance? Il aura fallu retirer le drapeau du Canada du Salon rouge, ne fût-ce que l'instant d'une assermentation de députés pour que soit à nouveau déclenchée une «guerre de drapeaux» en terre québécoise. À la suite du geste du nouveau gouvernement, toutes sortes d'allégations ont fusé. Trop rapidement. Par-delà les réactions émotives, tentons de rappeler quelques règles ou principes largement admis par l'ensemble des experts en protocole de drapeau ou en politique d'identification visuelle des services de l'État.

Règle numéro 1. Sur un terrain privé, aucune règle autre que celle du bon goût. On arbore pour afficher sa fierté. Toutefois, les choses sont clairement différentes lorsqu'il s'agit d'un gouvernement ou d'un État, à plus forte raison en régime fédéral où il y a plusieurs États. Arboré sur un territoire, ou devant ou à l'intérieur d'un établissement public, le drapeau a pour fonction essentielle d'indiquer une juridiction, et ce, principalement afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté ou de confusion dans le public au chapitre des lois ou des services.

Règle numéro 2. L'histoire étant là pour le rappeler, lorsqu'il y a «guerre de drapeaux» c'est toujours quand une des deux parties en cause tente d'aller planter son drapeau dans la juridiction ou le territoire de l'autre. Le fleurdelisé est arboré devant une commission scolaire (Québec) et l'unifolié devant un bureau de poste (Canada). Quiconque tentera d'enfreindre cette règle va d'emblée provoquer une guerre de drapeaux. Ça s'est produit en janvier 2001, lorsqu'un ministre fédéral a tenté d'obliger un établissement de la SEPAQ à arborer l'unifolié.

Règle numéro 3. Tous les experts constitutionnels, qu'ils soient canadiens ou québécois, vont convenir d'une chose: l'Assemblée nationale du Québec est entièrement souveraine dans les compétences que lui confère la constitution canadienne. Elle est seule mandatée pour voter toute loi en regard de ces dites compétences. Jusqu'à tout récemment, tous les premiers ministres du Québec, toutes les oppositions officielles ont non seulement adhéré à ce principe, mais l'ont farouchement défendu.

En vertu de ces pratiques établies depuis fort longtemps, il faut se demander que vient faire au juste le drapeau du Canada à l'Assemblée nationale du Québec? À contrario, il faudrait se demander ce que viendrait faire celui du Québec devant l'ambassade canadienne à Washington?

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Le fil rouge de l'humiliation

Jean-François Delisle, Montréal

Oui, des diplomates occidentaux sont tués de temps à autre dans certains pays de la vaste zone arabo-musulmane par des minorités extrémistes le plus souvent islamistes. Oui, l'hostilité des diverses opinions publiques arabes est grande à l'égard des États-Unis et de plusieurs gouvernements occidentaux. Oui, la région est une poudrière, les antagonismes y demeurent aigus: l'Iran et ses alliés contre l'Arabie saoudite et les siens, sans oublier bien entendu le continuel conflit israélo-arabe, largement alimenté par la politique de colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Un fil rouge court entre toutes ces tensions et en quelque sorte, les relie: l'humiliation répandue chez les Arabes. Elle prend sa source dans les politiques constantes de certains gouvernements occidentaux, politiques jugées manipulatrices, impérialistes vis-à-vis des sociétés arabes et aussi trop déséquilibrées en faveur de l'État hébreu contre les Palestiniens. On peut y ajouter un certain discours anti-arabe primaire qui s'est longtemps déployé dans beaucoup de médias occidentaux, lequel relayait dans une bonne mesure celui des classes politiques, en dépit de quelques précautions verbales utilisées de leur côté par les responsables occidentaux pour lui conférer une allure «convenable».

Ce sentiment d'humiliation diffus forme un terreau fertile pour toutes les manifestations anti-occidentales et en particulier anti-américaines dans la région.

À ceux qui taxent «d'intolérance» viscérale les Arabes, posons la question suivante: comment réagiraient les Occidentaux devant l'établissement forcé d'un État arabe en Virginie, en Gaspésie ou encore en Bretagne?

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Courageux? Plutôt chanceux

Lise Vena. L'auteure réagit à l'opinion de Guy Ferland, intitulée «Une leçon de vie», qui a été publiée mardi.

Que me dites-vous là, M. Ferland? Que vous trouvez courageux les jeunes étudiants qui rentrent au cégep par un beau samedi matin ensoleillé, à 8 heures moins quart, avec en plus un sac à dos, ou pire encore des livres à la main?

Vous trouvez ça courageux, vous? Moi, je les trouve chanceux.

Chanceux de pouvoir continuer leur session malgré le chaos survenu, chanceux de pouvoir rentrer dans une institution du savoir, chanceux de pouvoir apprendre.

Chanceux d'être libres et au même prix que dans mon temps, peut-être moins.

Les courageux, ce sont ceux qui ont dû abandonner leurs études pour travailler afin de subvenir à leurs besoins et qui devront reprendre complètement leur session.

Les courageux, ce sont ces jeunes qui partent pour l'Afghanistan, c'est le jeune travailleur, qui malgré un avenir très peu doré, va au boulot tous les matins et paie ses taxes et impôts

pour que d'autres puissent étudier. Le courageux, c'est la personne qui va faire un peu de bénévolat auprès des vieux et des malades.

Parlez-moi du courage d'un enfant qui se bat pour sa vie. Parlez-moi du courage d'un jeune père paraplégique.

Il y a de cela 10 ans, mes enfants travaillaient très fort au cégep. C'est peut-être pour cela qu'ils n'y ont pas été longtemps. Deux ans et c'était fait.

Je comprends que les jeunes veulent la parole et changer le monde. À mon époque, on a pris la parole aussi. À votre époque aussi. C'est le propre du jeune et le contraire ne serait pas normal.

Il n'y a ni courage ni leçon de vie là-dedans. Moi aussi, en les voyant rentrer au cégep un beau samedi matin de septembre, heureux et décider à terminer leur session, je me suis dit que les élèves nous montraient leur niveau de maturité, qu'ils croyaient en leur avenir.

Les jeunes, qu'ils soient étudiants ou travailleurs, ne sont pas fous, ils savent où est leur intérêt. Ce n'est pas en les plaignant, mais plutôt en les stimulant qu'on leur donne de l'espoir.

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Les victimes du lock-out

Louis Moffatt, amateur de hockey de Saint-Hubert, l'auteur s'adresse au commissaire de la LNH, Gary Bettman.

Salut Gary, quelle bonne idée tu as eu de mettre ces athlètes multimillionnaires en lock-out! Il est grand temps que tes amis propriétaires commencent à faire de l'argent un peu! Parce que malgré la construction d'infrastructures de haute technologie aux frais des contribuables, la bière au prix d'une caisse de 12, des fanions à 20 dollars et des billets dont la valeur est inversement proportionnelle à la qualité du spectacle, ils ont encore la capacité de jouer avec les chiffres comptables et de nous faire pleurer, car ils n'ont plus de sous pour payer leurs comptes, et même se permettre d'assister à un match de leur club.

Les joueurs sont gourmands également. Ce n'est pas évident de se séparer 70 millions à 23, ça risque de faire de la chicane. Au prix que coûte l'essence, les hockeyeurs ne peuvent plus vraiment se permettre un deuxième Hummer H1 ou une Dodge Viper, il faut bien couper quelque part.

Mais Gary, as-tu pensé que tu ne mettais pas juste 726 joueurs en lock-out? As-tu pensé à Marie qui vend des hot-dogs? À Sébastien qui vend la bière? À Daniel qui accueille le partisan à l'entrée? À Louis qui t'indique ton siège dans la section 122? À Martin, l'agent de sécurité qui doit maîtriser le partisan trop éméché?

Ce sont ces hommes et ces femmes, ces travailleurs d'occasion, que l'on ne verra jamais dans les statistiques de La Presse, qui ont besoin de leur emploi au Centre Bell pour offrir des vacances à leurs enfants, payer leurs études ou économiser pour une future maison. Des gens pour qui gagner un million serait un coup de chance après le tirage du samedi soir.

Ce sont eux les premières victimes de cette chicane entre multimillionnaires. Mais ça, Gary, tu t'en fous, tu n'as pas à t'inquiéter pour eux parce que, lock-out ou pas, tu va quand même travailler cette année!