Le bilan s'alourdit. Chaque jour, de nouveaux cas de légionellose sont déclarés. En tant qu'entreprise spécialisée dans le traitement de l'eau, nous ne pouvons rester les bras croisés. Nous tenons à le dire haut et fort: le Québec accuse beaucoup de retard en matière de prévention de la légionellose et il faut remédier à cette situation rapidement.

Au cours des dernières semaines, la Direction de santé publique et la Ville de Québec ont visité les installations ciblées à Québec et ont constaté que le tiers des tours de refroidissement étaient dans un état «catastrophique». À notre avis, ce chiffre ne s'applique pas qu'à la Ville de Québec, mais bien à l'ensemble du Québec où les installations sont souvent dans une condition déplorable.

La proposition du gouvernement québécois d'instaurer un registre des tours et de soumettre les propriétaires d'édifices à des obligations et des vérifications effectuées par les inspecteurs de la Régie du bâtiment est un pas dans la bonne direction.

La Régie du bâtiment du Québec suggérait déjà aux propriétaires et gérants d'édifice d'adopter une politique et un programme d'entretien pour prévenir la prolifération de bactéries de type Legionella. Cependant, ces mesures ne s'accompagnaient d'aucune sanction en cas de non-respect. Les amendes annoncées récemment par le gouvernement en cas de manquement (jusqu'à 25 000$ pour un particulier et 75 000$ pour une entreprise) sauront pallier cette lacune.

Le Québec pourrait néanmoins aller encore plus loin et suivre l'exemple de la France qui lançait, en 2004, un plan d'action de prévention des légionelloses. Ainsi, tous les propriétaires de tours de refroidissement en France ont l'obligation de déclarer leurs installations au gouvernement (registre obligatoire). De plus, des analyses peuvent être exigées: si les résultats d'analyse révèlent une contamination en légionelles trop importante, le gouvernement peut ordonner un arrêt obligatoire de l'installation et des mesures de désinfection.

Les propriétaires d'édifice ont la responsabilité d'inspecter, de traiter et d'entretenir leurs tours d'eau. Pour y parvenir, ils se doivent de vérifier les qualifications des professionnels en traitement d'eau qu'ils embauchent. Ces professionnels sont-ils au fait des nouvelles normes? Sont-ils en mesure d'effectuer un suivi diligent? Sont-ils membres d'une association reconnue? Au fil des ans, l'équipe de TGWT a malheureusement constaté du laxisme chez certains propriétaires d'édifices, mais aussi beaucoup d'incompétence de la part d'entreprises qui se prétendent spécialistes en traitement de l'eau.

En visitant des tours de refroidissement, l'équipe de TGWT a ainsi souvent remarqué une utilisation inappropriée de produits, plus précisément au niveau du dosage, du temps de contact nécessaire ou de la méthode d'application. Il est impératif de respecter ces paramètres pour obtenir les résultats escomptés, en particulier pendant une désinfection.

Penser protection contre la légionellose, c'est notamment adopter un programme préventif, qui agit sur les micro-organismes par pénétration ou oxydation des membranes cellulaires et qui vise la dissolution du biofilm et des dépôts d'algues. Dans certains cas, c'est aussi penser à implanter un système de dosage et de contrôle automatisé, qui permet d'ajuster la concentration de biocide nécessaire à une action efficace à distance et en tout temps.

Très prochainement, deux nouvelles normes verront le jour aux États-Unis. Ces standards visent à aider les gestionnaires à mettre en place des pratiques pour prévenir la légionellose. Les propriétaires qui ne se conformeront pas à l'une de ces normes s'exposeront à de sérieuses poursuites en cas de contamination.

Au Québec, nous osons espérer que la crise actuelle, qui a déjà fait trop de victimes, aura permis de conscientiser la population, ainsi que les propriétaires d'édifices, à l'importance de tout mettre en oeuvre pour prévenir cette maladie insidieuse qu'est la légionellose.