La campagne électorale 2012 aura été la campagne de toutes les surprises et le suspense demeure quant à ce qui sortira des urnes le 4 septembre.

Il apparaît de plus en plus prévisible que le pari d'un quatrième mandat libéral ne s'avérera pas. L'usure du pouvoir a fait son oeuvre. L'approche très réactive du PLQ dans les dossiers de la corruption, du gaz de schiste, des ressources minières et des étudiants risque d'avoir anéanti son rêve. Il serait téméraire de le tenir pour mort, compte tenu de l'attrait qu'il présente comme valeur refuge pour qui craint la souveraineté.

La CAQ s'est imposée comme l'un des prétendants auprès de l'électorat francophone. Ses prétentions à incarner le changement ne doivent pas mener à faire l'autruche sur le type de changements proposés. Veut-on d'un gouvernement qui promet de se faire plus d'ennemis qu'il n'est capable d'en prendre en même temps? Veut-on d'un gouvernement qui va perdre son temps dans les structures au détriment des personnes? Veut-on d'un gouvernement qui laisse miroiter la création de richesse, alors qu'il n'a d'yeux que pour l'enrichissement de l'entreprise et qu'il se fout de l'environnement? Veut-on d'un gouvernement qui se présente pieds et poings liés face au fédéral, alors qu'il promet de se cacher entre le mur et la peinture si la question de la souveraineté refait surface?

Je conçois que l'on puisse être critique par rapport au PQ, parce que certains éléments du programme déplaisent ou inquiètent des électeurs, parce qu'on trouve qu'il ne va pas assez loin et qu'on souhaite un positionnement plus à gauche.

Une chose est claire cependant. Dans le spectre des «possibles», il est le seul parti à offrir une possibilité réelle de voir abolir la loi 12, d'annuler les hausses des droits de scolarité et des tarifs d'électricité, seul aussi à abolir la taxe santé pour la remplacer par une fiscalité plus équitable, seul à promettre une place en garderie par enfant, seul à parler d'autonomie énergétique et de gestion responsable des ressources naturelles, seul enfin à pouvoir faire bouger les choses sur la question nationale. Il y a là une liste de changements qui interpellent non seulement la tête, mais aussi le coeur!

Tous les sondeurs et spécialistes prédisent des luttes serrées dans au moins une trentaine de circonscriptions où les votes, confiés en pure perte à QS ou à ON, peuvent faire la différence entre une victoire du PQ, de la CAQ ou du PLQ. J'entends le discours de QS ou d'ON sur les bienfaits de la balance du pouvoir. Le malheur, c'est qu'ils ne peuvent pas donner ce qu'ils n'ont pas. Les prévisions les plus optimistes parlent d'un, deux ou peut-être trois sièges au maximum pour les deux formations. Tout cela reste bien hypothétique. Tout cela surtout ne fait pas le poids par rapport à la perspective que la balance du pouvoir échoie aux libéraux ou aux caquistes ou, pire encore, qu'ils décident de faire alliance pour former le prochain gouvernement.

Le véritable enjeu pour la gauche passe par l'avènement du scrutin proportionnel. Rien ne nous en éloigne plus qu'un gouvernement minoritaire perçu comme repoussoir, surtout si les petits partis portent l'odieux d'avoir incité à choisir le mieux au détriment du bien.

Voter c'est choisir, c'est un geste politique qui dépasse la seule idéologie. Il ne faudrait pas que l'espoir, fortement porté par la jeunesse, d'un meilleur contrôle de nos ressources naturelles, de voir abolir la loi 12, la hausse des droits de scolarité et la taxe santé sombre avec l'avènement d'un gouvernement minoritaire ou pire encore d'un gouvernement caquiste. À nous de voter, coeur et tête, pour l'avenir.