Une étude après l'autre réitère que le modèle économique actuel est insoutenable. Force est de constater qu'il mène à la destruction des écosystèmes essentiels à la survie de notre espèce sur cette planète. Depuis une trentaine d'années, sa croissance se traduit par une explosion des inégalités plutôt que par un plus grand partage de richesse.

Ce constat, autrefois l'apanage d'une minorité militante, est maintenant partagé par des leaders de l'ensemble du spectre politique, et par de grandes organisations aussi diverses que le Bureau international du Travail, l'OCDE et même le FMI.

Au Québec, depuis 20 ans, tous les gouvernements nous ont parlé de développement durable. Or, la vie sur Terre n'a cessé de se dégrader ici autant qu'ailleurs.  Si nous voulons léguer une planète vivante à nos petits-enfants - et aux leurs - la façon dont nous nous déplaçons, dont nous habitons le pays, dont est produit ce que nous mangeons et les divers objets de notre quotidien, du lave-vaisselle au dentifrice, tout cela doit changer. Des interventions éclairées sont nécessaires à tous les maillons de la chaîne économique : de la production à la post-consommation. En ce sens, les trois prochaines décennies seront décisives. À la lumière des connaissances dont nous disposons, il est désormais urgent de construire une économie qui soit à la fois équitable et écologique. Mais par où commencer? Et pour qui voter afin d'orienter une telle transition?

De tous les partis dont nous avons étudié les propositions, Québec solidaire (QS) nous apparaît être la formation politique qui équilibre le mieux les objectifs économiques, sociaux et environnementaux.

La CAQ, le PLQ et le PQ fondent l'essentiel de leurs espoirs en ce potentiel boom minier et pétrolier qui miroite à l'horizon : gisement d'emplois, de profits et d'impôts, il faut extraire le plus rapidement possible la plus grande quantité possible de minerai, de pétrole et de gaz pour répondre à la demande asiatique. On tentera de réparer les rivières et les forêts, les communautés nordiques et les familles déchirées par le « fly in, fly out » après coup. L'environnement est pour eux une préoccupation à la marge.

Pour Québec solidaire, la question écologique est au coeur du projet de transition économique. Le boum des ressources est reconnu comme un élément de cette transition, une force économique qu'il faut maîtriser et domestiquer. Une telle attitude implique des choix importants : allons-nous engloutir nos immenses réserves d'énergie hydro-électrique dans l'extraction et l'exportation de nos ressources vers l'Asie ou allons-nous mobiliser cette énergie pour graduellement sortir du pétrole?

Bien que sommaire, le Plan vert de QS offre des éléments de réponses concrets à ces questions. Il présente une stratégie pour initier dès aujourd'hui la transition vers l'économie québécoise du 21e siècle. Les leviers économiques sont nombreux. Le gouvernement pourrait revoir le mandat de la Caisse de dépôt et de placement du Québec afin qu'elle contribue directement au développement d'entreprises collectives et à finalité écologique. Québec Solidaire propose aussi d'électrifier le transport inter et intra urbain; revoir le code du bâtiment afin d'écologiser le parc immobilier; réapprendre à transformer et à utiliser nos ressources sur une base locale et nationale plutôt que de les extraire pour que d'autres les transforment pour nous; resserrer les interdépendances économiques régionales en tirant parti des circuits économiques courts, etc. Québec Solidaire a aussi la lucidité de prôner l'abandon de projets économiques aux coûts environnementaux et sociaux exorbitants telles que la réfection de la centrale nucléaire de Gentilly-2 de même que l'exploitation de l'amiante et de l'uranium.

La transition proposée implique à court et à moyen terme des investissements importants qui auront des retombées économiques et sociales positives sous la forme de création de « bons emplois » et de « bons services », tant pour les femmes que pour les hommes. Augmenter le salaire minimum, assurer un revenu minimum garanti, instaurer la gratuité scolaire, sont quelques exemples des mesures qui donneraient les moyens au Québec d'initier sa seconde révolution tranquille. Plus une population est éduquée, plus elle tend à être en santé, à s'épanouir, à innover, à créer de la richesse et à payer des impôts qui seront ensuite réinvestis dans la société.

L'impératif d'une rentabilité non seulement économique mais aussi sociale et écologique s'impose ici dans l'intérêt du plus grand nombre et des générations futures. Voilà qui nous apparaît comme une preuve de lucidité. Une telle vision de l'avenir économique du Québec tranche résolument avec le statu quo actuellement défendu par les grands partis. Bien que la question environnementale soit demeurée marginale tout au long de cette campagne, la contrainte écologique qui nous confronte ne disparaîtra pas et nous avons le choix de l'ignorer en assumant les graves conséquences que cela implique ou d'y faire face de manière solidaire.