Ils me font rire, les chefs de partis. Dès que la cloche sonne le début de la campagne électorale, ils s'arrêtent à la première garderie qui se trouve sur leur chemin pour prendre la pose avec des enfants plus préoccupés par leurs bricolages que par les messieurs en habits.

Ils donnent la patte, font les beaux et une fois la séance photo terminée, ils rendent à leurs géniteurs ces petits chérubins en poussant un soupir de soulagement. La campagne électorale devient l'occasion rêvée de faire des parents leurs meilleurs amis en multipliant les annonces et les promesses à leur intention.

C'est visiblement vendeur, les familles. Si j'étais sarcastique, j'affirmerais que les chefs de partis en savent bien peu sur la vie des jeunes parents, qu'ils ont maintenant de grands enfants, qu'ils n'ont probablement pas souvent vu leur horaire bousillé par une fièvre de 40 degrés ou une gastro et qu'ils n'ont sûrement pas été prisonniers d'un autobus coincé dans un bouchon de circulation pendant qu'un enfant malade les attendait à la garderie. Mais présumons plutôt qu'à défaut d'être inspirées de leur vécu, leurs belles promesses faites aux familles sont remplies de bonnes intentions et n'ont pour noble objectif que d'accroître le coefficient de bonheur des familles québécoises.

Cela dit, le 100$ promis par les libéraux pour la rentrée scolaire de 2013 ne me convainc de rien sinon que Jean Charest se comporte comme un enfant repentant qui vient vous offrir une affectueuse étreinte après avoir commis un mauvais coup et été pris en flagrant délit de désobéissance. Le Parti libéral souhaite ardemment faire oublier ses frasques en offrant ce joli bonbon enrubanné aux effluves malheureusement empoisonnés qui, en définitive, ne pourrait être qu'une façon détournée de refiler de nouvelles factures aux parents.

Par contre, je dois admettre que la promesse de la CAQ d'accorder aux travailleurs ayant des enfants de moins de 6 ans cinq jours de congé payés afin de remplir leurs obligations familiales m'a fait sourciller et a suscité mon intérêt. Pour plusieurs parents, un enfant malade vient avec le noeud dans l'estomac, le coeur qui bat la chamade et les sueurs froides à l'idée qu'il faudra encore s'absenter du travail, puiser dans la banque de vacances et s'attirer les foudres du patron.

On parle ici d'un coût de 350 millions de dollars; ce n'est pas banal. On parle aussi d'entreprises, particulièrement les petites et les moyennes, qui devront gérer un fardeau bureaucratique additionnel et à l'intérieur desquelles un certain sentiment d'injustice pourrait naître, compte tenu de la création de deux groupes bien distincts, soit celui de parents d'enfants de moins de 6 ans et les autres. Mais au-delà de ces irritants, je persiste à croire qu'il s'agit là d'une mesure qui, sans être parfaite, permettrait aux parents travailleurs de respirer un peu plus librement, sans sentir constamment l'épée de Damoclès des petites maladies d'enfants leur pendre au-dessus de la tête.

Enfin, je me permets ce petit message à l'intention des politiciens: vous pouvez laisser tomber vos visites dans les garderies. Ce qui importe aux parents, ce n'est pas de voir la frimousse de leurs enfants à vos côtés, mais bien de connaître le contenu et la portée de vos engagements à leur égard et surtout, surtout, de pouvoir compter sur votre capacité à respecter ces engagements et à tenir ces juteuses promesses faites entre un casse-tête de Caillou et deux camions Tonka.