Ça y est, les élections pour lesquelles tant de gens ont déchiré leur chemise au cours du printemps se pointent enfin le bout du nez. Comme pour toute élection qui se respecte, celles-ci sont riches en enjeux et promettent de faire fumer bien des têtes à force de polémiques et de réflexions.

Malheureusement, je ne peux que craindre que le débat de fond ne soit avalé par des enjeux ô combien plus étroits que le bien-être futur d'une nation, en premier titre le fameux conflit étudiant.

Que personne ne se méprenne, j'étais extrêmement impliquée dans la cause ce printemps et le suis encore, peu importe que je sois verte ou rouge. Toutefois, ce serait complètement stupide de ne voter qu'en regard de la couleur du carré qu'on porte!

Malheureusement, de ce qu'on a pu voir des chefs représentant les trois principaux partis (PLQ, PQ et CAQ), ceux-ci sont drôlement racoleurs et ne se gênent pas pour tomber dans le populisme.

Bien qu'ils aient tous affirmé au cours de l'été que si leur campagne abordait la question des droits de scolarité, elle n'y serait pas centrale, le sujet est tellement croustillant et accrocheur qu'ils se serviront inévitablement du sujet: soit pour s'attirer la sympathie, soit pour provoquer la peur (prophéties de «chaos», de «règne de la violence», d'«anarchisme»). Le tout visant évidemment à attirer l'attention sur un seul aspect de leur programme ou de celui de l'adversaire. Pratique quand on veut faire oublier quelques vérités...

Ça a même déjà commencé: l'adversaire libéral de Léo Bureau-Blouin dans la circonscription de Laval-des-Rapides, le ministre Alain Paquet, a insisté sur le conflit étudiant en lançant que la candidature de LBB liait le PQ aux «extrémistes étudiants» et faisait «sortir le chat du sac». Pourtant, durant sa conférence de presse, Léo Bureau-Blouin avait pris la peine de dire, tout en maintenant sa position sur le conflit étudiant, qu'il prendrait soin de s'investir dans un large éventail de débats, pour le bien de la communauté.

M. Paquet a même prétendu que toutes les positions prises par LBB lors des négociations printanières étaient nécessairement celles que défendait le PQ, alors que nombre d'entre elles ne font aucunement partie du programme de ce parti!

Comme ce serait triste, et tellement nocif pour une société déjà trop désabusée, que tous ceux ayant appuyé le gouvernement durant la crise votent aveuglément pour le PLQ et que les autres adhèrent à un autre parti! Déjà ce printemps, le pire était à craindre alors qu'élus et autres acteurs sociaux martelaient que seules des élections règleraient la question. Comme si des élections étaient un référendum! Eh bien non, le scrutin prévu pour le 4 septembre n'est pas un référendum sur les droits de scolarité!

Il s'agit d'un moment décisif, qui aura des conséquences sociales ayant une plus grande portée que le règlement de la crise étudiante, qui portera sur des enjeux tout aussi importants et qui sera lourd de répercussions au moins pour les cinq prochaines années.

J'espère que tous ceux qui sont pour la hausse, mais idéologiquement loin des libéraux ne voteront pas pour eux, et vice versa. J'espère que, pour une fois, ce n'est pas l'actualité des derniers mois qui décidera de la personne qui dirigera le Québec pour les cinq années à venir. J'espère que tous se souviendront des manchettes des neuf dernières années; des bons coups comme des mauvais, de chaque côté de la Chambre. Et surtout, j'espère que le taux de participation des élections 2012 «pétera des scores» !