Le 18 juillet 2012 semble être une crête où l'histoire se rencontre. Jugez donc. Le jour en question, le criminel de guerre nazi hongrois Laszlo Csatary, âgé de 97 ans, a été arrêté par la police à Budapest et "assigné à résidence", la justice hongroise passant à l'action après avoir été alertée il y a déjà dix mois sur le passé du suspect par le Centre Simon-Wiesenthal, basé à Jérusalem.

Ainsi, presque 75 ans après les atrocités de la Deuxième Guerre mondiale, un des probables derniers criminels nazis est rattrapé par la justice humaine. L'histoire est passée, l'Holocauste est laissé une trace indélébile, et aujourd'hui encore ceux qui y ont contribué ne sont pas oubliés. Justice sera sinon faite, du moins réclamée.

Ce même jour, le 18 juillet, dans ma Bulgarie natale, célèbre pour  avoir sauvé les juifs de déportation, a été le théâtre d'une spectaculaire explosion  d'autobus de touristes israéliens. Sept en sont morts, une trentaine de blessés, certains gravement. Les indices laisseraient soupçonner l'Iran ou le Hezbollah. De toute évidence, un kamikaze a fait exploser le bus. La justice ne pourra donc rien contre lui.

La question, lancinante, est la suivante; s'il a fallu de 50 millions de morts, lors de la Deuxième Guerre, pour que justice puisse être faite même imparfaitement, comment cette même justice s'exercera-t-elle au 21 siècle, fort d'un fanatisme religieux qui met les coupables à l'abri de toute compréhension non-coranique de ce qui est juste et ce qui ne l'est pas?

Ou, très simplement : comment juger des assassins qui se suicident pour pouvoir tuer?

Est-ce donc le lot de l'histoire humaine que d'être l'otage des fous de tous les temps? Quelle différence entre les nazis et les terroristes islamistes?

Mais surtout, quelle issue humaine à un drame aux dimensions idéologiques et théologiques?

Aux questions simples il n'y a pas de réponses simples et il nous faudra vivre, dans ce siècle, avec des haines tribales et meurtrières. Et il est à craindre que le seul procès qui puisse se tenir un jour, soit celui de l'Histoire.