Avez-vous remarqué qu'à chaque intervention policière dite «musclée», il s'en trouve pour filmer ou photographier l'incident et s'empresser de dénoncer la «brutalité policière» ? Et ce même si les vidéos démontrent presque à tout coup le refus, parfois éhonté, des citoyens de coopérer ou d'obtempérer.

On nous abreuve ensuite de déclarations percutantes, comme celles rapportées récemment au sujet de l'arrestation d'un jongleur sur la place Jacques-Cartier. Déclarations que je qualifierais de toutes plus farfelues les unes que les autres. «Les policiers auraient pu agir autrement», affirme l'un. «Des enfants ont vu ça et capotaient», s'insurge un autre. «Ça présente mal le Vieux-Montréal», s'exclame un commerçant.

Mais à quoi diable s'attendaient toutes ces vierges offensées? Comment devraient réagir un groupe de policiers, chargés de faire respecter la loi, devant un individu qui non seulement contrevient à la loi, mais en plus les nargue, refuse d'obtempérer et tente même de résister par la force? Je rappelle que ces policiers avaient auparavant tenté d'intervenir pacifiquement et de raisonner cet individu. Il aurait sans doute fallu, pour ne pas déplaire à toutes les âmes sensibles qui assistaient à ce triste spectacle, que les policiers rebroussent chemin sans intervenir et, pourquoi pas, s'excusent auprès de l'individu d'avoir porté atteinte à ses «droits fondamentaux».

Si vous croyez qu'un policier viole vos droits, prenez les moyens légaux à votre disposition pour obtenir réparation par la suite, mais obéissez sur le moment. Vous ne vous attirerez de cette façon aucun ennui avec les forces de l'ordre.

Pourquoi obtempérer aux demandes des forces de l'ordre? N'avons-nous pas, après tout, tous les droits? Ne sommes-nous pas une génération d'ex-enfants rois à qui rien ne devait être refusé et dont il ne fallait surtout pas brimer les droits? La loi et l'ordre? Quels concepts archaïques! Ehbien non. Ce n'est pas comme ça que se conduit un peuple civilisé. Le respect de la loi et de l'autorité contribue grandement à l'épanouissement d'une société. Je dirais même qu'il en est l'un des fondements.

Cette arrogance vis-à-vis de l'autorité est peut-être due à la méconnaissance de l'histoire. Il suffit de remonter un peu dans le temps pour apprécier le grand bonheur apporté par l'absence d'autorité. Qu'il faisait bon se faire trancher la tête par un chevalier à l'ère féodale simplement parce que le coeur lui en disait. Et parce qu'il ne craignait aucune représailles. Et que dire de la joie pour une épouse de voir son époux se faire abattre en pleine rue au Far West? J'exagère? Remontons un peu moins loin, lors de la dernière grève des policiers de Montréal, en 1969. Je m'en souviens très bien: il n'était alors pas très sécuritaire de se promener au centre-ville alors que tous ces voyous s'adonnaient à leurs méfaits.

Est-ce ce genre de société que l'on souhaite? J'en doute. Alors laissons nos forces de l'ordre faire leur travail. Un travail que nous devrions apprécier plutôt que dénigrer.