En avril dernier, dans un discours prononcé au Musée mémorial de l'Holocauste des États-Unis, le président américain Barack Obama annonçait une série de mesures audacieuses destinées à faire des États-Unis un leader mondial de la prévention des génocides et des atrocités de masse.  « La souveraineté nationale ne saurait en aucun cas autoriser le massacre d'un peuple », indiquait alors Barack Obama.

Deux mois plus tard, en marge de la réunion du G20 qui s'est tenue au Mexique, Barack Obama a eu un tête-à-tête avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Bien que les deux chefs d'État aient évoqué de multiples sujets, l'entretien a surtout porté sur la question syrienne. De nombreux observateurs espéraient qu'à la suite de cette rencontre, la Russie infléchirait sa position et suspendrait ses livraisons d'armes au président syrien Bachar al-Assad. Cependant, le langage corporel des deux chefs d'État n'a laissé aucun doute sur le désaccord profond qui oppose Moscou et Washington au sujet des mesures à prendre pour mettre un terme au bain de sang en Syrie.

Chaque jour qui passe accroît le risque de guerre civile et la multiplication des crimes contre l'humanité en Syrie. Les Nations unies estiment que depuis le début de la crise, voilà 16 mois, au moins 10 000 Syriens ont trouvé la mort et qu'un nombre encore plus grand ont été déplacés de force. Ces données sont probablement bien en deçà de la réalité. En effet, les observateurs non armés qui assumaient la Mission de supervision des Nations unies en Syrie étaient dans l'impossibilité d'accéder à certaines régions du pays. Entre-temps, la ville de Homs continue d'être régulièrement pilonnée par l'armée syrienne et les milices pro-Assad.

Nous sommes aux prises avec un régime sanguinaire à Damas protégé par la Russie et la Chine au Conseil de sécurité de l'ONU. De fait, ces deux pays ont usé à deux reprises de leur droit de veto afin de bloquer un projet de résolution appelant d'une part la démission de Bachar el-Assad et d'autre part l'imposition de sanctions économiques plus contraignantes. Pis encore, la Russie a poursuivi ses livraisons d'armes et d'hélicoptères de combat à la Syrie, et ce, malgré d'innombrables preuves électroniques largement diffusées sur Twitter et YouTube que le nombre de victimes civiles augmente à chaque semaine qui passe.

Puisque le plan de paix de Kofi Annan semble à présent relever davantage du rêve que de la réalité, il faut se rendre à l'évidence : la Russie ne s'acquittera pas à l'international de sa responsabilité de protection et ne reculera devant rien pour maintenir la communauté internationale à l'écart de la Syrie.

Malheureusement, il est peu probable qu'une intervention militaire soit déclenchée prochainement. D'ailleurs, il ne s'agirait pas de la meilleure stratégie à l'heure actuelle.

Peut-être serait-il plus avisé de faire monter les enchères face à la Russie afin que Vladimir Poutine cède du terrain et serre la bride au régime syrien. L'annonce d'un boycottage des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi par un grand nombre de pays pourrait avoir une incidence durable.

Dès lors, ce boycottage massif des Jeux de 2014 au nom de la Syrie pourrait donner une dimension internationale à la vague croissante de mécontentement qui menace de miner son autorité. Bien que cette stratégie exige du courage, elle devra néanmoins être débattue par la communauté internationale.