Tous ceux qui voyagent le moindrement sont familiers avec la procédure: après avoir déjà patienté longuement pour obtenir une carte d'embarquement et se débarrasser de nos valises, on doit attendre encore de longues minutes (sinon plus), en file indienne, fixant le vide devant soi, serpentant à gauche, à droite, à gauche encore. Et puis un préposé qui vérifie notre carte d'embarquement nous répète pour la millième fois l'immense danger d'avoir une bouteille d'eau ou de crème à main de plus de 100 ml dans notre sac de cabine.

Nous vidons nos poches, nous enlevons bagues, montres et bijoux, nous nous délestons de nos souliers, de notre ceinture, nous sortons notre ordinateur de son sac, et enfin, presque nus et peut-être plus purs, nous sommes dignes de passer le portillon magique, celui qui détectera le terroriste qui dort en nous.

Il y a quelques semaines, nous étions partis, trois de nos enfants, ma femme et moi, en simple voyage de famille au Mexique pour une salutaire semaine de vacances. Comme d'habitude nous avons subi tous les emmerdements de la sécurité, tels que décrits plus haut. Je dirais, cependant, que cette fois-ci, cela est allé beaucoup trop loin! Ma fille qui apportait son violon s'est fait longuement questionner par un stupide préposé à la sécurité à cause des cordes de violon qui, semble-t-il, avaient l'air louche. Tout le monde sait que des cordes de violons sont des armes dangereuses faites de métal rectiligne... Le préposé a insisté sur le fait qu'elles devaient être lubrifiées (?), ce qui aurait obligé donc la jeune artiste à transporter une quantité illicite de liquide. Ma fille n'arrivait pas à comprendre ce qu'il voulait dire, car cela relève aussi bien de l'absurdité que de l'imbécilité: l'idée d'enduire les cordes de quelque produit que ce soit ne viendrait à l'esprit d'aucun violoniste!

PHOTO FOURNIE PAR JEAN-FRANÇOIS RIVEST

En finissant de mettre de l'ordre dans nos sacs, ma femme a trouvé, dans une poche rarement utilisée de son sac à main, des articles qu'elle avait complètement oubliés et que notre abruti de la sécurité n'a même pas vus !

Enfin, après un épisode très long et désagréable passé en compagnie de ce crétin dont le comportement était à la limite du mépris (constamment, il se prenait la tête dans les mains, lançait les yeux au ciel, marmonnait des mots incompréhensibles, etc.), nous avons fini par nous débarrasser de lui.

En finissant de mettre de l'ordre dans nos sacs, ma femme a trouvé, dans une poche rarement utilisée de son sac à main, des articles qu'elle avait complètement oubliés et que notre abruti de la sécurité n'a même pas vus! Un tire-bouchon, un briquet, un coupe-ongles et surtout un magnifique couteau Opinel avec une jolie lame de quatre pouces.

Ainsi, après avoir subi tous les désagréments de la psychose paranoïaque de la soi-disant sécurité aéroportuaire moderne, nous sommes en droit de nous demander sincèrement quelle est l'efficacité de mesures aussi humiliantes.