La rentrée au primaire risque d'être désastreuse dans plusieurs régions du Québec en 2013. En tant que commissaire à la commission scolaire des Portages de l'Outaouais, et comme parent d'un garçon qui fera sa rentrée à l'école en septembre 2013, je m'inquiète du désastre qui se pointe à l'horizon. Comme commissaire, je m'implique dans les dossiers d'organisation scolaire et de transport d'une commission scolaire qui vit une explosion démographique depuis plusieurs années. Nous avons construit une école ou procédé à un agrandissement d'école chaque année depuis 2010 dans notre région, et prévoyons maintenir ce rythme pour les quatre à cinq prochaines années.

Comme d'autres commissions scolaires ayant un besoin d'espace pour 2013, nous avons demandé en juin 2011 l'autorisation du ministère de l'Éducation de construire une école primaire de presque 650 places et de compléter un agrandissement d'école pour 250 places supplémentaires. Il s'agit de 900 places d'élèves pour 2013 seulement! Ces chiffres sont appuyés par une étude démographique et sont le résultat d'une analyse rigoureuse. Ces demandes sont tout à fait justifiées.

Annuellement, au début du mois d'avril, le Ministère émet les autorisations, à la suite de l'adoption du budget. Cette année, rien! Aucune annonce, aucun communiqué de presse sur le site du Ministère... Pourtant, le gouvernement annonçait dans le budget de mars la venue de 25 000 enfants de plus pour la rentrée de 2013. Il faut en moyenne de 15 à 16 mois pour construire une école (un peu moins pour un agrandissement), d'où l'importance d'avoir les autorisations le plus rapidement possible afin d'ouvrir les écoles à temps. S'il est vrai que certains entrepreneurs pourraient promettre un échéancier plus court, cela se fera à grands coûts, et sans garantie ni marge de manoeuvre.

Nos efforts afin de trouver l'explication à ce retard ont été vains. Les fonctionnaires demeurent silencieux, à l'exception d'un qui a laissé glisser que le retard n'est pas de nature administrative. Un autre nous recommande de soumettre à nouveau les demandes, mais pour septembre 2014. Inacceptable!

Où sont passés ces centaines de millions de dollars prévus dans le budget de mars pour construire ou agrandir des écoles pour la rentrée de 2013? Si ce n'est qu'un retard, qui n'est pas d'ordre administratif, il doit donc forcément être de nature politique...

Est-il plus profitable pour le gouvernent de retarder les annonces pour les faire à l'approche des élections qui s'annoncent sous peu? Est-ce que les écoles font maintenant partie d'une analyse «politique», comme c'est le cas des garderies et les installations sportives sous la ministre Courchesne et ce gouvernement?

Avec un tel retard, les parents doivent s'inquiéter de l'incidence sur leurs enfants si les nouvelles écoles ne sont pas prêtes à temps (ce qui est maintenant inévitable). Seront-ils éparpillés aux quatre vents ou dans des installations temporaires? Pour quelques mois ou un an? Qui assumera l'augmentation des coûts de transport et autres que cela représente? Faudra-t-il couper dans les services aux élèves pour payer la facture? Le gouvernement suspendra-t-il les ratios élèves/enseignants pour ajouter plus d'enfants dans les classes existantes? A-t-on un plan B? À la commission scolaire des Portages de l'Outaouais, nous en sommes déjà à travailler à un plan B, pour le bien des enfants.

Cette situation n'est sûrement pas unique à notre commission scolaire. Les parents de tout le Québec ont le droit d'obtenir des réponses et devraient questionner leurs commissions scolaires et leurs députés afin de s'enquérir d'une rentrée qui s'annonce difficile, sinon désastreuse.

Certains diront que la ministre et le gouvernement sont suffisamment occupés à gérer la crise étudiante pour s'occuper de tels dossiers. Je vous répondrais que le manque de proaction et de gestion des autres dossiers du ministère ne fera qu'enliser l'avenir de l'éducation au Québec.