Le milieu de la construction des autoroutes m'est familier comme si j'y avais passé ma vie. Cela résulte d'une vie passée près de personnes travaillant dans ce monde particulier. J'en ai dégagé des conclusions que je voudrais partager avec vous.

On parle beaucoup, énormément même, des dépassements de coûts à la commission Charbonneau. Les explications de ces dépassements sont nombreuses, mais il en est une dont on ne parlera jamais et c'est celle des agissements des divers intervenants.

Premier problème: des mandats qui s'étirent trop dans le temps. On demande aux ingénieurs externes de préparer un projet de lien routier, l'autoroute 30 par exemple. Les premières esquisses datent de la fin des années 80. Le Ministère avait besoin d'un tracé préliminaire et d'estimations de coûts. Malheureusement, le contrat s'est étiré sur tellement d'années qu'il en a découlé des augmentations de coûts très importantes.

Deuxième problème: il y a trop d'intervenants dans les décisions. Une fois l'avant-projet terminé il faut le présenter aux représentants du Ministère et ces derniers sont fort nombreux. Chacun veut y apporter son grain de sel et il en résulte des modifications qui n'en finissent plus ainsi que des couts supplémentaires.

Troisième problème: l'implication des municipalités. En soi, l'intervention des municipalités est indispensable, car c'est dans leurs territoires que vont s'implanter les infrastructures. Mais encore là, il arrive que, localement, on préfère qu'un accès ou une sortie de l'autoroute soit à un endroit différent de ce qui est prévu. Ces consultations sont-elles menées au bon moment, l'élaboration de l'avant-projet ou des plans de construction? Lors de l'avant-projet, il est encore facile pour les consultants externes d'effectuer des modifications sans augmentation majeure d'honoraires, ce qui n'est pas le cas au niveau des plans de construction.

Quatrième problème: les comparaisons de coûts. Quand on parle d'augmentation de coûts, qu'est-ce qu'on compare vraiment? Les coûts annoncés publiquement par le Ministère au début du projet comparés au coût final au terme du contrat ; autrement dit le travail prévu au début du mandat et ce qui a réellement été fait ? Est-ce qu'on tient compte des changements mineurs ou majeurs qui ont été effectués dans le design et la construction ? Et qui assume la responsabilité de ces changements? Il y a fort à parier que ces changements ne sont pas des coûts supplémentaires, mais des travaux requis par les représentants du Ministère.