À toi, futur père,

Avoir un enfant, ça change une vie. Complètement.

Avoir un enfant, c'est la galère, c'est épuisant, mais au bout du compte, c'est sans aucun doute le salut de l'humanité. Car même si l'homme aimera toujours côtoyer la liberté et l'irresponsabilité du célibat, force est de constater qu'à 30 ans, il cherche peut-être autre chose, d'autres intérêts, d'autres défis pour lui faire aimer la vie.

Cet enfant que tu auras bientôt, ce sera ce baume qui apaisera la grogne et la lassitude de tes 30 ans, cette drogue que nous cherchons tous pour nous emmener ailleurs et nous faire revivre cette jeunesse qui nous abandonne.

Inutile de le nier, les trois premiers mois, ce sera l'enfer. La bonne nouvelle, c'est que plus le temps passe et plus ça devient facile. En fait, jusqu'au 13e mois, les plaisirs seront rares. Oui, tu trouveras beau la première fois qu'il tiendra un hochet dans sa main; oui, tu le trouveras cute dans son petit bain de mousse; oui, tu aimeras l'endormir sur ton torse, mais au final, échelonnés sur un an de labeur quotidien, les plaisirs seront rares.

Heureusement, il y aura le 13e mois: l'illumination.

Comme par magie, tu te réveilleras un matin et tu te sentiras bien, profondément bien. Tu réaliseras que tu es un bon père et tu aimeras ça. Pour vrai.

Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'aujourd'hui, tu sois heureux de te réveiller à 6h30 pour rejoindre ton enfant au plus vite? La fatigue est toujours là, les chicanes avec ta blonde aussi, tu entends toujours parler des partys que tu as manqués, mais au bout du compte, tu gères tout ça comme un champion, d'une façon naturelle et suave.

Comme quelqu'un qui sort du placard, tu assumes ta paternité et tu la comprends. Désormais, ton enfant bouge, marche, rigole, sourit, te fixe des yeux. Et sais-tu quoi? Il t'aime. Autre chose qu'un objet inanimé, ton marmot réagit à tes interventions et se développe - et c'est peut-être là que tu réalises quelque chose de primordial: la petite chose que tu gères depuis plus d'un an, elle deviendra éventuellement ta fille ou ton fils, un être unique résultant de ton travail de père.

À partir de ce moment décisif, ton enfant sera une boîte à surprise qui illuminera ton quotidien. À partir de cet instant, chaque fois que tu donneras, tu recevras; chaque mot qui sortira de sa bouche pour la première fois sera jour de fête; chaque pas qu'il fera pour se jeter dans tes bras sera une bénédiction; chaque histoire que tu lui liras, il la retiendra; chaque fois qu'il te dira qu'il t'aime, tu fonderas comme neige au soleil.

À partir de ce jour, tous les moments deviendront signifiants et auront une portée plus grande que nature. Tu aimeras te retrouver seul avec lui, tu aimeras lui faire découvrir tes chansons préférées, lui apprendre le nom des arbres, lui expliquer la différence entre un cardinal et un merle, lui expliquer ce qu'est le bien, le mal... Bref, à partir de ce moment, tu comprendras que tu formes présentement un être humain, un futur citoyen qui un jour te quittera pour faire sa vie et partager la tienne - à jamais.

Oui, ça vaut la peine d'en avoir. Oui, tu l'aimes cette petite bête, profondément, à la folie. En fait, tu aimes d'une nouvelle manière: tu aimes comme un père. Et cet amour est inconditionnel, infini et unique. Cet amour-là, tu ne peux le vivre qu'avec ton enfant, tu ne peux le vivre qu'en étant cette présence rassurante, aimante et virile qu'on appelle un papa.

Bonne fête à tous les actuels et futurs pères!