Mon père a 80 ans. Il souffre de diabète et d'alzheimer (ce n'est pas un cas lourd). Il a un stimulateur cardiaque. Dans les années 90, il a fait un AVC.  Il s'en est bien remis, mais il a cessé de travailler. Il avait alors 63 ans. Récemment, il a eu une pneumonie. Avec les bons soins reçus rapidement, il n'en reste aucune trace. Depuis des années donc, notre système de santé et ses médecins se sont bien occupés de lui pour le garder en santé de façon à ce qu'il puisse vivre le plus longtemps possible.Mon père s'est fracturé une hanche jeudi dernier. Il a été admis aux urgences. Son cas est urgent. Vendredi, il devait être opéré. L'opération a été annulée. Samedi, il devait être opéré. Une autre annulation. Même scénario dimanche. Et encore lundi. Chaque jour, mon père est à jeun jusqu'en début de soirée. On lui donne de la morphine pour apaiser sa souffrance et de l'insuline pour éviter qu'il tombe dans le coma. Ma mère assiste à ce scénario inimaginable et inhumain tous les jours. Impuissante. On pose des questions. Il n'y a pas de salle d'opération disponible pour lui. Semble-t-il que la cardiologie a priorité.

Les infirmières et préposés qui s'occupent de lui sont d'une très grande gentillesse et étaient désolés. Nous comprenons aussi que son médecin (invisible) l'était tout autant.

Finalement, après cinq jours d'attente, mon père a été opéré hier.

Il est désolant de constater que tous les bons soins reçus de ses médecins traitants au cours des années auraient pu être complètement anéantis en quelques jours. À cause d'une salle d'opération inaccessible.

Pendant ces journées où mon père a été alité, il a perdu des forces. Mon père devrait déjà être en réadaptation et ne plus occuper un de ces lits qui manquent cruellement. Mon père était en train de mourir à l'hôpital. Il n'avait pourtant qu'une fracture.