Je n'ai jamais vraiment aimé me retrouver sur la sellette. Bien sûr, quand j'étais jeune, j'aimais qu'on me dise que j'avais bien joué au «foot» et que mon but était important. Qui ne voudrait pas qu'on le félicite lorsqu'il fait un bon coup?

Mais voilà qu'aujourd'hui, une équipe de professionnels de la réadaptation me proclame super héros... comme dans les films! Je veux bien, mais entre vous et moi, j'aimerais partager ce titre avec eux parce qu'ils m'ont aidé à me battre pour ma survie et mon autonomie.

Retour en arrière. Le 2 août 2004, ma maison a brûlé. Moi aussi, j'ai subi quelques brûlures. En fait, je suis devenu un grand brûlé sur 90% de ma surface corporelle, en plus de mes brûlures d'inhalation. C'est curieux comme la vie de quelqu'un peut changer du jour au lendemain.

Fini le temps où je courais pour frapper le ballon avec mon pied. Il fallait maintenant que je coure après mon souffle pour me garantir une journée de plus à vivre. On m'a donc mis dans un coma provoqué pendant trois mois. Sous le regard de mon Sauveur, j'ai donc mis ma vie entre ses mains. Entouré de ma famille, j'ai dû lutter pour ma survie à cause de multiples complications médicales. Je ne vous parlerai pas non plus des nombreuses chirurgies de recouvrement qui m'ont permis de cicatriser mes plaies. 90% de tout le corps, il n'en reste plus beaucoup pour compenser. Après, je devais attendre que mes greffes guérissent. J'étais placé comme sur le banc des joueurs à regarder la partie se jouer.

C'est en novembre 2004 que j'ai été hospitalisé à l'hôpital de réadaptation Villa Medica. Là, c'est une tout autre partie de «foot» qui a commencé. J'avais tellement de pansements. Imaginez alors la patience des infirmières qui devaient les changer. Comme j'étais très faible, cette période a pris beaucoup de mon énergie. Mais il fallait que je continue à jouer, car la partie était loin d'être gagnée. Pouvez-vous croire que j'avais besoin d'une aide complète pour des activités de base comme me laver, m'habiller et même manger? J'avais même besoin de trois personnes pour me lever de mon lit.

J'ai fait plus de quatre mois de réadaptation intensive au cours de laquelle, comme un enfant, j'ai dû réapprendre à être autonome afin de pouvoir retourner dans mon nouveau chez moi. Bien que sorti du milieu hospitalier, la partie n'était pas terminée. Je commençais alors ma deuxième demie en travaillant fort pour mettre en application tout ce que j'avais appris en réadaptation.

C'est pourquoi je tiens à partager mon titre de super héros avec les intervenants qui se sont occupés de moi. Car si je peux aujourd'hui vous écrire ma petite histoire, c'est qu'il y a aussi une autre catégorie de super héros qui m'a secondé. Qu'ils soient médecins, infirmières, physiothérapeutes, ergothérapeutes, diététistes, préposés, cuisiniers, ils ont été pour moi les super héros qui m'ont aidé à me redresser et à marcher. J'en profite aussi pour remercier les membres de ma famille pour le support qu'ils m'ont donné tout au long de ma réadaptation. Ils sont aussi des super héros importants à mes yeux.

Je sais que j'ai dû travailler fort pour atteindre les objectifs de traitement qu'on avait établis. J'ai prié pour rebâtir l'homme que j'étais avant cet incendie de 2004. Je sais que sans ma force intérieure et ma foi, il aurait été difficile de relever ce défi.

Merci à tous ceux qui m'ont permis de réapprendre à jouer avec mon ballon de «foot». Ensemble, on a gagné la partie.