Depuis plusieurs semaines, je suis régulièrement entraînée malgré moi dans des discussions enflammées sur la grève étudiante et j'ai beaucoup de mal à choisir un camp. Mais justement, pourquoi devrais-je choisir un camp?

Lorsque je m'attarde à évaluer les arguments qui s'affrontent, je remarque qu'ils font appel à deux systèmes de valeurs complètement opposés. D'un côté, il y a le point de vue pragmatique et rationnel des partisans de la hausse, et de l'autre, les jeunes et idéalistes qui évoquent des thèmes utopiques comme la justice sociale.

À tort ou à raison, ces deux groupes ont tous les deux une importance vitale pour une société comme la nôtre. Alors pourquoi faut-il que les opinions soient aussi émotives et surtout aussi polarisées? Pourquoi faudrait-il que mon point de vue sur la hausse des droits de scolarité fasse de moi une radicale? Était-ce vraiment nécessaire d'en arriver là? Ne pourrait-il pas y avoir du vrai et du faux des deux côtés?

Si on admet que les deux parties peuvent avoir à la fois raison et tort, on peut alors penser que cette crise aurait facilement pu être évitée. Tout ce dont nous avions besoin dès le départ, c'est d'un premier ministre digne du titre. Une personne capable de réconcilier les nécessités de la vie courante avec l'espoir d'un monde meilleur et d'amener la population à se rallier derrière la meilleure solution possible dans les circonstances.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qu'aurait fait un tel leader. Aurait-il balayé du revers d'une main les protestations des étudiants sous prétexte qu'ils sont jeunes, minoritaires et qu'ils ont raté leur plage horaire pour la discussion? J'en doute. Il aurait probablement écouté ce qu'ils avaient à dire et il aurait exprimé son respect et ses espoirs concernant tout ce que la nouvelle génération pourrait accomplir.

Ensuite, il aurait mis son chapeau de pédagogue et aurait expliqué les défis auxquels notre société doit faire face et les raisons qui ont poussé son gouvernement à prendre cette décision difficile. Il aurait exprimé sa confiance envers les jeunes à faire face à ces défis!

Par conséquent, s'il faut absolument prendre parti dans ce débat, je dirais que je suis du côté des pragmatiques et que je crois à la nécessité de la hausse, mais je ne peux pas me ranger du côté d'un premier ministre qui n'a pas su s'élever au-dessus de ses réflexes primaires d'agacement et de colère et qui a choisi dès le départ la position de conflit. Un gouvernement qui n'arrive pas à enlever ses oeillères pour considérer le problème sous des angles nouveaux et qui semble prendre toutes ses décisions dans le but de «gagner», au lieu de réfléchir à la meilleure solution.

Alors, sur la question des droits de scolarité, je suis du côté des pragmatiques, mais je me range du côté de l'idéalisme en ce qui concerne l'espoir d'être un jour représentée par un gouvernement un peu plus inspirant.