Quand j'entends les amis du régime proclamer que les mécontents devraient attendre le jour des élections pour exprimer leur désaccord, la rage monte en moi. Comme si la démocratie ne pouvait s'exercer qu'une fois tous les quatre ou cinq ans. La démocratie est un droit que nous devons exercer tous les jours.

C'est vrai qu'on ne peut pas encore comparer Jean Charest à Pinochet ni à tous ces dictateurs renversés par le Printemps arabe, mais si on laisse faire, si on ne parle qu'une fois tous les quatre ou cinq ans, c'est ce qui va nous arriver. Ce qui se passe actuellement dans les rues de Montréal et de plus en plus ailleurs en province nous indique que notre démocratie ici est encore bien vivante, car le peuple peut encore parler, manifester son désaccord et exprimer ses opinions. Par la loi 78, le gouvernement a tenté de brimer cette démocratie, mais le peuple a réagi, ouf! Notre démocratie est encore vivante malgré Jean Charest, le peuple a désobéi, et c'est bien ainsi.

Certes, il y a eu des dérapages, des arrestations, des gestes d'impatience des manifestants et des policiers. Toutefois, si on fait un rapport entre ces événements et le nombre de participants, les casseurs représentent à peine 1% des manifestants. Va-t-on jeter le bébé avec l'eau du bain? La démocratie vaut bien plus que cela.

Le débat déborde maintenant les demandes étudiantes du gel des droits de scolarité. Le peuple en a assez de Jean Charest et du magouillage du PLQ avec des gens plus ou moins mafieux pour le financement du parti.

Le peuple en a assez de ces primes au rendement de plusieurs millions versés à des gestionnaires lorsqu'ils prennent leur retraite. Moi, j'ai enseigné pendant 34 ans, et à ma retraite, mon patron m'a donné un beau stylo à 19,95$ ainsi qu'une belle carte de remerciements. On s'est donné la main, je l'ai remercié pour le beau stylo et je suis parti.

De plus, ma rente de retraite est loin de celle qu'obtiennent ces gestionnaires et hauts fonctionnaires de l'État. Il faut aussi compter tous ces voyages 5 étoiles en première classe et ces repas fastueux et bien arrosés payés sur le bras du gouvernement, c'est-à-dire des contribuables. Le peuple en a aussi assez de payer les routes, les ponts, les édifices gouvernementaux plus cher que partout au Canada.

Comment, dans un tel contexte, peut-on faire confiance à Jean Charest lorsqu'il nous parle du Plan Nord? Qui en profitera? Ses petits amis plus ou moins mafieux du monde de la construction, ou encore les entreprises minières prêtes l'engager sur leur conseil d'administration après sa carrière politique, lui assurant ainsi un revenu sans doute très supérieur au mien.

M. Charest, nous ne vous laisserons pas devenir le Pinochet du Québec. Vous devez abroger la loi 78, et instituer un moratoire jusqu'aux prochaines élections en ce qui concerne les droits de scolarité. J'irais même jusqu'à vous dire de démissionner du poste de chef du Parti libéral avant que la commission Charbonneau vous salisse irrémédiablement et que l'histoire parle de votre règne comme étant celle de la deuxième grande noirceur.

S'il faut sacrifier le Grand Prix et tous les festivals, il faut le faire, car la démocratie vaut bien plus que toutes ces frivolités si rentables.