Max a longtemps habité un quartier densément peuplé et pauvre. Max n'habitait ni Haïti, ni le Congo, mais bien Montréal. Max a fait ses études dans les écoles de son quartier.

Au primaire, son école était à deux coins de rues de sa maison.  Souvent le matin, la seule chose au menu pour le petit déjeuner  était un verre d'eau, mais Max était heureux et excité d'enfin avoir la chance d'aller à l'école et d'apprendre !  Mais l'école de Max manquait de bien des choses, des professeurs, des livres, des équipements scolaires et des activités qui stimulent  l'apprentissage. Malgré tous ses efforts et ceux de ses professeurs dévoués, Max n'a pas appris grand-chose.

Au secondaire, le scénario était le même, les parents de Max auraient bien aimé envoyer Max dans une école dans un autre quartier afin qu'il ait accès à une bonne éducation, mais pour ça il aurait fallu que la famille déménage dans l'autre quartier, un quartier que les parents de Max ne pouvaient se payer.  Finalement, Max est allé à la polyvalente à quatre rues de chez lui, encore une fois, la polyvalente  manquait de bien des choses, des professeurs, des livres, des équipements scolaires et des activités qui stimulent  l'apprentissage. En plus, la polyvalente de Max avait des gros problèmes de violence et Max, qui voulait tellement apprendre, se faisait beaucoup taxer. Malgré tous ses efforts et ceux de ses professeurs dévoués, Max n'a pas appris grand-chose.

Déçu d'avoir si peu appris pendant toutes ces années, Max a décidé de ne pas aller au cégep. Il  s'est plutôt trouvé un petit boulot et il a roulé sa bosse pendant plusieurs années. Max  a décroché puisque il a vite compris que les enfants qui habitaient des quartiers comme le sien n'avaient souvent  pas accès à un environnement scolaire sécuritaire et stimulant et il ne pensait pas avoir les aptitudes requises pour poursuivre des études post-secondaires. Max n'a pas décroché à cause du coût des frais de scolarité, il était prêt à travailler pour payer ses études, il avait l'habitude du travail puisqu'il a eu sa première job à l'âge de 12 ans, il n'avait pas le choix, ses parents n'avaient pas assez de sous pour lui payer des bottes d'hiver.

Plusieurs années plus tard, voulant changer son sort, Max s'est inscrit à l'université en tant qu'étudiant adulte et il a été accepté, vous comprendrez que Max qui n'a pas eu le privilège de fréquenter de bonnes écoles, était tout sauf con.

C'est à ce moment que j'ai rencontré Max. Max, comme moi, travaillait à temps plein et étudiait à temps plein. Nous avons tous les deux fait notre baccalauréat en 3 ans avec une moyenne de 3.8 sur 4. Pendant les relâches et congés, on travaillait encore plus fort, alors que plusieurs de nos pairs allaient se détendre sur les plages du Mexique ou partaient à la découverte de l'Europe. Oui, nous avons travaillé fort pour y arriver, mais nos efforts ont été grandement récompensés.  Max n'était pas un garçon privilégié, mais il n'était  pas con non plus, il a vite compris qu'on n'arrive à rien sans y mettre un peu d'effort !

Aujourd'hui,  Max et moi n'aimons plus le rouge. On vous regarde aller depuis maintenant plus de 100 jours et on attend et on espère. On attend le jour où vous parlerez de l'accessibilité à l'éducation pour tous les Max du Québec et ce dès un bas âge, mais ça ne vient pas. Vous êtes tellement entêtés sur le gel des droits de scolarité que vous  semblez avoir oublié que l'accès à l'éducation est une question beaucoup plus large qui touche tous les enfants et ce dès le primaire.

Aujourd'hui, Max et moi sommes en colère, votre cause est nombriliste et vos arguments sont ceux d'enfants gâtés. Le jour où vous revendiquerez vraiment la justice sociale, nous descendrons dans la rue avec vous. En attendant, on va vous regardez creuser votre trou un peu plus à tous les jours. Si vous voulez vraiment faire avancer les choses,  changez de discours!