Le premier ministre Charest se trouve dans une position semblable à celle de René Lévesque en 1982.

Après avoir signé une convention avec les employés du secteur public, M. Lévesque leur a demandé de faire leur part et d'accepter des compressions de 20% pour aider les finances publiques. Les employés, dont je faisais partie, avaient refusé et M. Lévesque a fait adopter une loi spéciale coupant les salaires de 20% (beaucoup plus pénalisant qu'une hausse de 50 sous par jour!) et ordonnant le retour au travail, une loi assortie de mesures de représailles énormes contre les employés et les syndicats qui l'auraient défiée.

Aujourd'hui, les citoyens appuient plutôt M. Charest et veulent que les étudiants fassent plus d'efforts. À l'époque, les citoyens appuyaient aussi M. Lévesque, même si on criait au totalitarisme et on y voyait une attaque sans précédent à nos droits. Défier de telles lois serait suicidaire à toute organisation, et c'est révoltés qu'on est retournés travailler, se promettant de le renverser aux prochaines élections.

Même si cette réduction salariale de 20% a eu des répercussions sur mon revenu pendant toute ma carrière - et même aujourd'hui, car ma petite pension de 20 000 $ aurait pu être un peu plus importante -, je comprends aujourd'hui la décision de M. Lévesque. Un bon premier ministre ne doit pas être un père Noël. Il doit bien administrer selon la situation financière de la province. Et quand je pense à tous ces concitoyens sans fonds de retraite, je me trouve chanceux avec mon 20 000 $ et en remercie mes concitoyens.

Que les étudiants s'estiment chanceux et soit reconnaissants qu'ici, les citoyens sont les plus généreux envers les étudiants en Amérique du Nord. Quand l'augmentation aura atteint son sommet, ce sera encore la moitié moins cher au Québec qu'ailleurs sur le continent.