À défaut de ne pouvoir suivre le Canadien en séries éliminatoires, notre sport familial consiste à suivre ce conflit étudiant qui n'en finit plus.

Chaque matin, la première question que me pose mon fils de 10 ans, Francis, lorsqu'il arrive à la cuisine pour son déjeuner est: «Pis maman, c'est qui qui a gagné hier?» Personne, mon grand, on est encore en prolongation!

Sa soeur Édith, 14 ans, comme pour le hockey, suit la grève plutôt d'une oreille distraite. Cependant, lorsqu'elle regarde les reportages aux nouvelles, elle trouve que c'est un sport similaire au hockey: pas mal violent. Elle n'en revient pas de voir des policiers asperger les étudiants de gaz poivre, ainsi que des étudiants blessés et ensanglantés.

Mon fils de 17 ans, Mathieu, est en cinquième secondaire. Fan invétéré du Canadien, il a délaissé momentanément son blogue sur son équipe favorite et suit avec beaucoup d'intérêt tout ce qui concerne ce conflit étudiant. Il s'informe sur les réseaux sociaux, lit tout ce qui s'écrit dans le journal et regarde les reportages à la télé. Il en discute avec ses amis et aussi avec certains professeurs. Il a même participé un soir à une manifestation pacifique de laquelle il est revenu indemne et tellement fier de s'être impliqué pour défendre ses idées et d'avoir démontré sa solidarité aux étudiants en grève.

Autant il m'impressionne lorsqu'il commente et analyse les parties du Canadien, autant je retrouve ces qualités lorsqu'il commente ce conflit. Il a des arguments, il est capable de les expliciter et il a de la rigueur.

Comme après un match de hockey, nous avons écouté ensemble le point de presse de Jean Charest, dimanche dernier, après son discours de clôture au congrès libéral à Victoriaville. Je voyais dans le non-verbal de mon fils à quel point il était sidéré d'entendre son premier ministre commenter les derniers événements du conflit en rejetant tout le blâme sur les étudiants et en ne se reconnaissant aucune responsabilité. Le plus dur, m'a-t-il dit, ce n'est pas que M. Charest ait une position différente des étudiants en grève. Le plus dur, c'est de voir à quel point on n'est rien pour lui.

Mon conjoint et moi suivons cette série macabre d'un angle différent. Ce n'est pas tellement l'objet du conflit qui nous perturbe, car d'une manière ou d'une autre, nous passerons à la caisse. Que ce soit par nos impôts ou directement dans nos poches pour les études de nos enfants. Ce qui nous dérange vraiment, c'est le manque de respect et de considération que le gouvernement Charest fait preuve notamment envers les étudiants et cela depuis le tout début de ce conflit. Avoir refusé de les rencontrer et les avoir ignorés pendant les dix premières semaines est inadmissible, comme si les étudiants étaient des citoyens de second ordre.

Mathieu est très fier de la nomination de Marc Bergevin comme directeur général du Canadien. Il le décrit comme étant humain, authentique et chaleureux. Il le trouve inspirant et est confiant pour les années à venir du Canadien. J'aimerais bien que l'on ait aussi un leader mobilisateur du côté de notre gouvernement. Qu'il prenne les moyens appropriés pour régler ce conflit dans le respect de tous.

Les étudiants pourront ainsi retourner à l'école et on pourra proclamer la saison de golf officiellement ouverte pour tous les amateurs de hockey exclus à ce jour des séries!