Pour l'euro, le danger évoqué par la débâcle grecque a incité son principal bénéficiaire, l'Allemagne, à imposer une politique de rigueur budgétaire étendue aux 27 pays de l'Union européenne (en réalité 26, les Britanniques ayant refusé de signer).

L'objectif de nos partenaires d'outre-Rhin était d'éviter que les pays déficitaires du sud de l'euro zone ne se trouvent entraînés dans un désastre comparable à celui de la Grèce, même si les causes de leurs difficultés sont d'un autre ordre.

Les commentaires de Berlin accompagnant la présentation du pacte de discipline budgétaire a engendré, chez les gouvernants des pays à problèmes, un sentiment de culpabilité et paralysé toute volonté de résistance. Ceux-ci n'ignoraient pourtant pas qu'une réduction immédiate, massive, de leurs dépenses publiques, dans l'état de récession de leurs économies, allait inévitablement les mettre en déflation et engendrer la misère.

Les États-Unis, également confrontés à la nécessité de diminuer le déficit, avaient montré qu'il existait un chemin différent, moins périlleux pour l'activité économique: échelonner dans le temps la baisse des dépenses et l'associer à des mesures de relance de la croissance. Il faudra attendre la chute du gouvernement hollandais, l'un des plus ardents partisans de la politique d'austérité à l'allemande, pour que s'élèvent, de toute part, des voix dénonçant l'inanité de la politique d'austérité suivie depuis deux ans.

Les problèmes demeurent, mais la solution consistant à vouloir répondre à une situation complexe par la seule ascèse des finances publiques, apparaît enfin pour ce qu'elle est, simpliste et allant à l'encontre du but recherché.

Pour sortir de l'impasse où elles ont été mises, les nations, dont le funding de l'endettement public et privé pose problème, doivent agir sur deux plans bien distincts:

-celui de la dépense publique, qui doit être diminuée progressivement, suivant un calendrier à discuter avec l'Union européenne, le FMI, peut-être la Banque centrale européenne;

-celui de la croissance, demandant la mise en oeuvre de dispositions propres à restituer sa place à la compétitivité et par voie de conséquence au rééquilibrage des balances de paiements.

Rééquilibrage dont la réussite, en ayant un impact négatif sur les surplus de l'Allemagne, devrait l'inciter à comprendre que le sauvetage de l'euro implique un partage des sacrifices à consentir pour l'assurer.