Le 11 avril dernier, dans la foulée des compressions budgétaires prévues dans le budget fédéral, le Service correctionnel du Canada (SCC) annonçait «l'exécution sommaire» du programme reconnu internationalement et récipiendaire de prix d'excellence appelé Option vie.

Le programme Option vie est né en 1991 afin de répondre aux besoins très particuliers des personnes condamnées à perpétuité ou à une sentence indéterminée et conséquemment de travailler à leur retour en communauté. En avril 2011, le ministère de la Sécurité publique du Canada dénombrait 5136 personnes purgeant des sentences à perpétuité ou indéterminées. De ce nombre, 1859 vivaient dans la communauté. Cela représentait 22,4% de la population correctionnelle fédérale.

Le programme fait appel à des intervenants/accompagnateurs sous le coup d'une sentence et ayant réussi à se réinsérer avec succès dans la communauté. Cela aura permis de créer de l'espoir pour des gens qui, au début de leur sentence, n'en avaient presque plus. L'«exécution sommaire» de ce programme, reconnu comme innovateur par le SCC, risque fort de semer le désespoir pour les milliers de détenus et libérés, qui, à partir du 31 août 2012, ne pourront plus bénéficier des conseils, du support et de l'encadrement du programme Option vie.

Cette décision vient dans la foulée de l'abolition de la «clause de dernière chance»; de l'abolition de la mesure de mise en liberté expéditive; de l'augmentation du recours à des sentences minimales d'emprisonnement et la réduction substantielle du recours au sursis; de l'abolition de la notion de pardon ou de réhabilitation dans la Loi sur le casier judiciaire (criminel un jour, criminel toujours?); de l'augmentation des périodes d'inadmissibilité (de 3 à 5 ans et 5 à 10 ans, selon le cas); de l'augmentation de 320 % (de 150 $ à 631 $) des frais de service exigés pour le traitement d'une demande de suspension de casier judiciaire. Et il est à prévoir que d'autres décisions ou mesures législatives viendront davantage réduire l'espoir des personnes contrevenantes.

Ces orientations nous apparaissent davantage comme l'application d'une politique du désespoir. Et une politique du désespoir ne peut pas mener à une sécurité publique accrue, bien au contraire. Le programme Option vie crée de l'espoir en ne négligeant pas l'encadrement, le développement d'outils et l'accompagnement, dans un cadre sécuritaire, des personnes condamnées à perpétuité. L'abolir ne contribue en rien à assurer une meilleure sécurité publique.