En point de presse, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a déclaré que «la CLASSE tire profit des gestes de perturbation sociale et économique parce qu'elle mène de soi-disant luttes sociales». Le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a nié cette affirmation de Mme Beauchamp, soutenant que le seul enjeu de la grève était la hausse des droits de scolarité. Voici pourtant ce que déclarait M. Nadeau-Dubois le 7 avril dernier, lors d'un rassemblement tenu au Monument national.

«Notre grève est déjà victorieuse parce qu'elle nous a permis de voir la route de la résistance. Il est là, le vrai sens de notre grève. 250 000 personnes, ça ne sort pas dans la rue parce que ça ne veut pas payer 1625$ de plus. Il est là le sens de notre grève, dans la durée, dans la poursuite demain de la résistance. Nous avons planté ce printemps les graines d'une révolte qui ne germera peut-être que dans plusieurs années. Mais déjà ce qu'on peut dire, c'est que le peuple du Québec n'est pas endormi, pas plus que ne l'est sa jeunesse. Ils ont peut-être les matraques les plus dures, ils ont peut-être les armures les plus épaisses, ils ont peut-être les grands journaux, ils ont peut-être les portefeuilles les plus épais, mais nous avons le souffle le plus long. Nous avons le courage des opprimés, nous avons la force de la multitude, mais surtout, nous avons raison.

Les gens qui veulent augmenter les frais de scolarité, les gens qui ont décidé d'imposer une taxe santé, les gens qui ont mis sur pied le Plan Nord, les gens qui ont mis à pied les travailleurs et les travailleuses d'Aveos, les gens qui tentent de mettre à pied les travailleurs et les travailleuses de Rio Tinto Alcan à Alma, les gens qui tentent d'empêcher les travailleurs et les travailleuses de Couche-Tard de se syndiquer, tous ces gens-là sont les mêmes.

C'est les mêmes personnes, avec les mêmes intérêts, les mêmes groupes, les mêmes partis politiques, les mêmes instituts économiques. Ces gens-là, c'est une seule élite, une élite gloutonne, une élite vulgaire, une élite corrompue, une élite qui ne voit l'éducation que comme un investissement dans du capital humain, qui ne voit un arbre que comme une feuille de papier et qui ne voit un enfant que comme un futur employé.

Ces gens-là ont des intérêts convergents, un projet politique convergent, et c'est contre eux que l'on doit se battre, pas seulement contre le gouvernement libéral. Et je peux vous transmettre le souhait, je crois, le plus cher des étudiants et des étudiantes qui sont en grève au Québec: c'est que notre grève serve de tremplin à une contestation beaucoup plus large, beaucoup plus profonde, beaucoup plus radicale de la direction que prend le Québec depuis les dernières années.»