Nous pouvons comprendre que des omnipraticiens aient relevé la remarque proférée dans Trauma par le personnage de Diane Hevey qui dénigre leur pratique, et l'aient sortie de son contexte pour défendre vigoureusement l'honneur de la profession qu'ils jugent injustement attaquée.

Nous comprenons moins qu'un chroniqueur et critique de télévision, qui devrait pourtant être familier avec ce type de production, en rajoute sur une demi-page tout en s'acharnant injustement sur l'une de nos meilleures auteures.

Une oeuvre de fiction n'est pas un magazine d'affaires publiques régi par les principes de justesse ou d'équilibre de la politique journalistique de Radio-Canada. Les personnages des séries dramatiques sont des êtres humains avec leurs travers et leurs faiblesses. Ils expriment des points de vue cohérents avec ce qu'ils sont dans la fiction et le public ne s'y trompe pas.

La directrice générale de l'hôpital, Diane Hevey, est une snob amère qui distille à tout propos des remarques fielleuses. Elle perçoit le choix professionnel de sa fille comme un affront personnel. Tous ceux qui suivent un tant soit peu Trauma sont familiers avec les relations tordues qu'elle entretient avec elle, ainsi qu'avec tous les autres personnages. Comme certains commentateurs l'ont fait remarquer, le sens général de la scène constitue même une défense de la médecine familiale puisque c'est ainsi que Laurence s'affirme face à sa mère.

La question fondamentale que pose le présent imbroglio est la suivante : doit-on gommer toutes les répliques sujettes à controverse proférées par des personnages de fiction, et tant qu'à y être, tous les actes répréhensibles qu'ils peuvent commettre? Si une telle règle devait s'appliquer, toutes les séries les plus populaires de notre télévision auraient été censurées. Combien de remarques intempestives, injustes, voire offensantes à l'occasion, n'ont-elles pas été entendues au fil des ans?

La très grande majorité d'entre elles résonnent avec notre réalité, c'est ce qui explique leur succès. On ne saurait tenir rigueur à Fabienne Larouche de s'inspirer de l'actualité pour alimenter des intrigues dans la mesure où ces problèmes dépassent largement les cas extrêmes et isolés qui ont retenu l'attention des médias. D'ailleurs, toutes les oeuvres de fiction, télévisuelles ou autres, s'inspirent de près ou de loin de la réalité.

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Mme Lantagne, si je m'acharnais «injustement» sur Fabienne Larouche, cette chronique ne serait pas ma première depuis deux ans à traiter du travail de l'une de vos «meilleures auteures». Cette chronique nuancée s'inspirait d'une nouvelle publiée en Une du cahier des Arts de La Presse. Je n'ai pas à me faire dicter mes sujets de chroniques, ni mes points de vue, par quiconque. C'est ce que l'on appelle la liberté d'opinion... - Marc Cassivi