On fait la vie dure à Luc Ferrandez ces jours-ci. Trop dure. Injustement dure. Les journalistes semblent se plaire à caricaturer ses politiques et à rapporter les exagérations des commerçants.

Cela m'étonne en tant que politologue, car Luc Ferrandez a tout du sang neuf que l'on demande à grands cris sur la scène politique québécoise. Cela m'étonne aussi en tant que résidant du Plateau, car si je ne lisais pas les journaux, je n'aurais jamais remarqué que mon arrondissement a une nouvelle administration depuis 2009.

On se plaint beaucoup de nos politiciens depuis plusieurs mois. Ils seraient corrompus, infidèles à leurs promesses, indécis, portés sur la chicane. M. Ferrandez n'est rien de tout cela. Il semble loin des soupçons de corruption qui pèsent sur une grande partie de la classe politique québécoise.

Le maire du Plateau a promis de réduire certaines nuisances provenant de la circulation automobile, il tient parole. La tergiversation, les études à n'en plus finir qui retardent la prise de décision, il ne connaît pas. La mairie du Plateau est le parfait contraste de l'administration Tremblay, mal-aimée pour sa tergiversation et autres faiblesses.

Ne devrions-nous pas nous réjouir que les élus du Plateau résistent aux travers politiques que nous ne cessons de dénoncer? Tous devraient au moins voir que les critiques de l'administration Tremblay à l'égard des élus du Plateau sonnent faux.

Luc Ferrandez prend-il les bonnes décisions? Il le croit, mais candidement, il admet que les décisions politiques comportent une part d'incertitude, comme devrait l'admettre tout politicien. Cette incertitude n'a rien de tragique si elle n'est pas niée ou instrumentalisée de manière dogmatique, mais prise en compte lors de la décision. C'est ce que fait M. Ferrandez. Si une décision devait avoir des conséquences négatives inattendues, dit-il, elle pourra toujours être revue. Curieusement, Yves Boisvert dénonce cette attitude dans sa chronique du 12 mars. Il semble préférer « l'engueulade », l'affrontement stérile ou la chicane que l'on dénonce chez les politiciens qui en ont l'habitude.

Évidemment, Yves Boisvert suppose que les décisions de M. Ferrandez sont catastrophiques et qu'il tarde à les revoir. Il en veut pour preuve les plaintes des commerçants, confondant leur discours et la réalité objective. Si j'étais commerçant, je n'écrirais sans doute pas ce texte. Je joindrais plutôt ma voix au concert de critiques, puisqu'il serait dans mon intérêt que le tarif des parcomètres soit revu à la baisse, que les chargements de neige soient revus à la hausse, que mes clients se sentent libres de circuler à leur façon sur les rues résidentielles...

Mais voilà, je suis résident. Dimanche dernier, je déambulais sur les trottoirs bondés de l'avenue du Mont-Royal. J'y ai fait mes achats, malgré l'amertume que m'inspire le discours des commerçants sur mon quartier. Aussi, je n'ai pas encore été témoin des catastrophes dont on parle dans les journaux.

Je n'ai aucun lien, de près ou de loin, avec le maire Ferrandez. Aussi, j'ai la conviction que de sérieux problèmes mériteraient plus d'attention de la part de son administration. Il faudrait donc lui laisser le loisir de se préoccuper d'autre chose que de déneigement  - alors qu'il n'y a pas de neige - et de la direction de quelques sens uniques.