Au printemps 2011, 289 médecins résidents en médecine familiale au Québec étaient questionnés sur leur spécialité: «Est-ce que la médecine familiale est bien perçue?» De ce nombre, 67,7% avaient répondu non.

Chaque étudiant et résident en médecine peut vous raconter une anecdote malheureusement trop souvent entendue, du style: «Tu es beaucoup trop intelligent pour devenir un médecin de famille» ou «Ça, tu n'as pas besoin de l'apprendre, tu vas être juste un médecin de famille de toute façon».

Or, un quart de la population n'a pas accès à un médecin de famille au Québec. Il manquerait quelque 1200 médecins de famille pour combler ce déficit. Si le gouvernement fait preuve d'optimisme pour combler ce manque d'ici 2016, c'est que les efforts pour augmenter le nombre d'étudiants et de médecins résidents choisissant la médecine de famille ont été au rendez-vous au cours des dernières années.

En 2004, seulement 25,5% des étudiants choisissaient la médecine de famille. En 2011? On en compte 34%. Cela peut paraître peu, mais c'est le résultat d'une tolérance zéro (ou presque) au dénigrement de la profession, d'une augmentation de la visibilité des patrons et des médecins résidents en médecine familiale dans les institutions universitaires, autant aux niveaux prédoctoral que postdoctoral, et d'efforts importants déployés tant sur le plan politique, qu'académique et social pour redorer le blason du médecin de famille.

Lorsqu'un programme télévisé à grande échelle comme Trauma laisse tomber, sous le couvert de la fiction, des phrases assassines telles que: «On ne soigne pas des rhumes quand on peut réparer des organes, à moins d'être une ratée», ou que les médecins de famille seraient mieux de «faire des ménages», nous véhiculons une réalité dénigrante. Ce portrait négatif est loin de refléter la réalité du médecin de famille polyvalent travaillant à l'urgence, accouchant des bébés tout en gérant un cabinet responsable de quelques milliers de patients. Cette réalité-ci, elle est beaucoup moins intéressante à présenter, j'imagine. Elle est loin aussi du fait que plus que jamais, nous recrutons des étudiants et que le nombre de sites de formation en médecine familiale ne fait qu'augmenter.

J'aime à penser que le pourcentage de 67,7% des médecins résidents qui considèrent la médecine familiale mal perçue est une amélioration sur ce qui existait avant. Mais deux médecins résidents sur trois en formation en médecine familiale sentent que la carrière qu'ils ont choisie est mal perçue, et c'est déplorable, particulièrement lorsque nous considérons les besoins des patients: des médecins qui s'occupent d'eux, qui les suivent et qui puissent les traiter dans toute leur entièreté.