Je me suis levé mardi matin en apprenant, comme bon nombre de Québécois, la mort tragique de 11 personnes dans un accident de la route à Hampstead, en Ontario.

Comme beaucoup de gens, je me suis rappelé la tragédie de Bathurst, au Nouveau-Brunswick, où sept étudiants et un professeur avaient aussi perdu la vie dans une fourgonnette. D'autres, comme moi, se souviendront peut-être de l'accident survenu à Sainte-Geneviève-de-Berthier, dans Lanaudière, il y a près d'un an, où cinq personnes ont succombé. Je vous laisse deviner quel genre de véhicule les transportait...

Les fourgonnettes de transport à 15 places sont idéales. Elles ne sont pas chères (les prix commencent à moins de 30 000$), peu encombrantes et faciles à manoeuvrer. Le problème, c'est que ces véhicules n'ont pas été conçus pour le transport de personnes. Ce sont des fourgonnettes de transport de matériel maladroitement recyclées en minibus. Leur pare-brise n'est pas assez solide pour résister à un impact, laissant très peu de chance de survie aux passagers lors d'une collision. La distance entre les roues de l'avant et de l'arrière du véhicule et le déplacement du centre de gravité que cela provoque peuvent faire déraper ces simili-autobus à tout moment, surtout lorsque le véhicule transporte un grand nombre de personnes.

Cela en fait des véhicules très peu recommandables lorsque la route est dégagée, et tout simplement à proscrire sur des routes enneigées, mouillées ou glacées.

Pourquoi donc transporter des vies humaines dans de telles bombes à retardement?

La Société de l'assurance automobile du Québec a bien décrété ces véhicules comme étant des minibus, et exige de leurs chauffeurs de détenir un permis de classe 4B. Pourtant, on voit mal quelqu'un échouer «l'examen» théorique lorsqu'il remplit toutes les conditions d'admissibilité. Ainsi, toute personne qui possède un permis de conduire régulier depuis plus d'un an et qui se soumet au test visuel et médical peut conduire un véhicule du genre, sans examen pratique et avec aucune expérience de conduite.

Québec a interdit l'utilisation de tels véhicules pour le transport d'écoliers. Mais il ne fait que reporter les risques d'accident à la saison estivale. Un très grand nombre de camps de vacances, de camps de jour et de centres de répit possèdent ces véhicules. Les enfants, qui statistiquement survivent moins aux accidents de la route, y sont entassés avec leurs bagages pendant que des moniteurs, souvent sans réelle expérience, se retrouvent derrière le volant.

Le comble: vous pouvez même en louer un à petit prix dans tout bon centre de location automobile sans jamais en avoir piloté auparavant! Je vous laisse imaginer le nombre d'équipes sportives, théâtrales, sociales et autres qui transportent tous leurs jeunes ainsi.

Québec doit légiférer. Au mieux, il pourrait emboîter le pas au Nouveau-Brunswick et bannir leur utilisation sur les routes. Moins drastiquement, il pourrait suivre les recommandations de toute bonne compagnie d'assurance automobile qui se respecte et proscrire l'utilisation du banc de quatre passagers à l'arrière, réduisant le nombre de passagers maximal à 11 et réduisant de beaucoup la charge du véhicule. Sinon, il faudrait au moins obliger tous les conducteurs de fourgonnettes d'aussi longue taille dédiées au transport de personnes à se soumettre à un examen de conduite à défaut de les obliger à suivre un cours pratique.

Je ne sais pas encore combien de morts les Québécois et Canadiens devront subir avant que les gouvernements ne prennent les mesures nécessaires. Lorsqu'on les compare à des bombes à retardement, c'est que ces véhicules-là sont aussi dangereux pour leurs passagers que pour tous les autres usagers de la route.