Dans les médias, il est souvent question ces temps-ci des moisissures dans les écoles de Montréal. J'ai enseigné longtemps dans ces écoles, en particulier à l'école Eulalie-Durocher sur la rue Hochelaga, une ancienne institution tenue par des religieuses.

Nous, enseignants pour adultes, avions nos bureaux de travail au sous-sol. Au-dessus de notre cuisine, au premier étage, il y avait des douches qu'utilisaient les profs de gymnastique. L'eau me coulait parfois sur la tête pendant que je mangeais, ainsi que le long du mur. J'ai commencé à faire des pneumonies, à tousser sans arrêt.

J'ai dû prendre un congé parce que mes pneumonies se répétaient aux trois mois et que les antibiotiques ne semblaient plus faire effet. Ce sont des pneumologues qui ont découvert que je souffrais d'aspergillose (alvéolite allergique), c'est-à-dire d'hypersensibilité aux moisissures (aspergillus fumigatus), comme certains cultivateurs ou gens qui ont une cave en terre. L'aspergillus dans des milieux fortement contaminés peut causer, selon l'Institut de la santé publique du Québec, une réaction immunologique. Je combats cette maladie depuis 10 ans. Selon mon pneumologue, elle est installée dans mes poumons pour toujours. Je dois donc prendre régulièrement de la cortisone, sans compter les pompes.

J'ai dû prendre ma retraite anticipée. Comment prouver que cette maladie est due aux écoles ? J'ai travaillé dans d'autres écoles aussi vieilles et insalubres comme Gédéon-Ouimet et le sous-sol de Père-Marquette, dont on a dû interdire l'accès par la suite.

Cette maladie ronge mes os à cause de la cortisone. Je dois augmenter la cortisone quand je suis en crise. Ma vie a totalement changé.  Je comprends maintenant pourquoi plusieurs élèves semblaient souffrir d'asthme.

Toutes les écoles devraient subir un test, et cela tous les trois ans, afin de prévenir la moisissure et la présence d'autres bactéries. Les écoles devraient être aérées tous les jours. Durant l'été, un grand ménage devrait être fait, principalement dans les bouches d'aération. Tous les systèmes devraient être examinés tous les ans afin d'éviter que dans 20 ans, nous nous retrouvions avec les mêmes problèmes.

Combien d'autres personnes sont maintenant aux prises avec des problèmes pulmonaires sans savoir pourquoi?

Dans un bulletin d'information en santé environnementale publié par l'Institut national de santé publique, on indique que l'inhalation des spores fongiques peut provoquer des rhinites allergiques, de l'asthme de type allergique, de maux de tête, de fatigue, et de la grippe.