En décidant de permettre aux entreprises de gaz de venir déverser les eaux qu'elles utilisent pour la fracturation des couches de schiste à son usine d'épuration, la municipalité de Huntingdon a semé beaucoup de craintes parmi la population de la vallée de la Châteauguay.

Nous savons que les chimistes qui travaillent au ministère du Développement durable, après l'étude des rejets d'eau à la rivière, ont jugé que le taux d'éléments polluants serait acceptable. Cependant, la question que nous sommes en droit  de nous poser est de savoir quels seraient exactement ces éléments polluants. Au ministère de l'Environnement à Longueuil, on refuse de préciser quels produits chimiques sont utilisés parce que les entreprises de gaz de schiste ne veulent pas rendre publique la liste. Et ce n'est sûrement pas pour protéger un secret industriel: pour le sud du Québec, il y a 14 différentes entreprises qui possèdent les permis d'exploitation et elles savent déjà toutes comment procéder.

Car si nous, citoyens, savions, nous serions simplement révoltés. On sait maintenant qu'environ 200 produits chimiques et métaux lourds peuvent être utilisés. Et ils vont se retrouver soit dans la couche phréatique ou encore dans notre rivière.

Depuis toujours, les politiciens et les industriels nous chantent la même chanson: «Il n'y a pas de danger, on s'en occupe.» Et c'est ce que répète le maire Gendron dans sa lettre: «Depuis le début du traitement des eaux de fracturation, l'indice de radioactivité dans la rivière Châteauguay est demeuré inchangé, les truites sont testées sur une base hebdomadaire, et aucune mort n'a été rapportée.» Le maire devrait pourtant savoir que la mort, pour ceux qui ont été touchés par des radiations à faible dose, peut survenir quelques années plus tard.

Le maire s'est pris au piège lui-même en écrivant: « D'ailleurs, ces rejets ont une composition chimique et une charge environnementale énormément moindre que les rejets du textile à l'époque.» Comment est-ce possible pour l'usine d'être plus efficace maintenant qu'elle ne l'était durant la production textile? Dites-nous quels produits chimiques ont été utilisés dans les années passées et ceux qu'on retrouve maintenant.

Mais une chose est certaine: il n'y a plus de grenouilles dans la rivière. Depuis 30 ans, leur nombre n'a cessé de diminuer. Je demeure juste au bord de la rivière. Auparavant, je pouvais les entendre croasser. Fini, monsieur le maire.