Le PLC est-il frappé de malédiction? Oui, aux dernières nouvelles. Ce parti qui se cherche met, depuis Jean Chrétien, sa confiance en des chefs qui n'intéressent personne.

L'exercice de la fin de semaine dernière auquel les libéraux survivants se sont livrés à Ottawa confirme la tendance. Bob Rae voudrait à son tour devenir chef de ce parti. Il le mènera encore à l'abattoir.

La série noire que Paul Martin a initiée et que deux nobles universitaires, Stéphane Dion et Michael Ignatieff, ont joyeusement continuée ne semble pas vouloir s'arrêter. N'oublions pas que MM. Rae et Ignatieff ont si bien divisé le vote libéral, que M. Dion a pu occuper les devants de la scène pour quelque temps. Est venu ensuite M. Ignatieff. Grâce à son indéniable «charisme», le grand parti national a dignement mordu la poussière. Il serait maintenant du devoir de Bob Rae de le relever de ladite poussière? Et, dès les prochaines élections, de battre Stephen Harper, comme ça, mine de rien?

Pour reprendre le pouvoir aux conservateurs un jour, il faut que le PLC puisse se recentrer et commencer à parler d'une voix humaine. Entre la marijuana et Sa Majesté la reine, je ne reconnais aucune des fameuses valeurs libérales dont tout le monde parle de façon abstraite. J'ai essayé de compenser mon ignorance les concernant, en demandant innocemment en quoi elles consistaient? On m'a tout de suite envoyé au tapis; le PLC est au pouvoir depuis 100 ans, me suis-je fait dire avec hauteur par une majestueuse anglophone. Le PLC milite pour le progrès social, m'a lancé un francophone. Pathétique.

Chaque fois qu'on est en période d'élections fédérales, des éditeurs de médias ethniques viennent nous demander: qui va gagner, pourquoi, que penses-tu du chef d'un tel parti? Des immigrants politisés et méconnaissant la dynamique canadienne, quelle aubaine! Car si le Parti conservateur est là où il est, c'est bien parce qu'il a fait une percée majeure auprès des immigrants. Et si le PLC continue à perdre des plumes, c'est parce qu'il se parle tout seul. Or, l'horloge a avancé, nous sommes dans un monde bien plus à droite qu'il y a 10 ans. C'est un fait, et les faits sont tenaces.

Avec ou sans chef, si le PLC ne parvient pas à parler humainement à ce qui était jadis son électorat captif, les communautés culturelles, la malédiction qui le frappe ne disparaîtra pas.

En attendant, bon choix de chef!