Depuis l'énoncé de la sentence de Guy Turcotte, je suis totalement outré. On peut prétendre, sans trop craindre de se tromper, qu'enlever la vie à un être humain est le pire des crimes. Ajoutons à cela qu'il s'agit ici d'enfants. Et de ses propres enfants. Des enfants en santé qui ne demandaient qu'à profiter pleinement de la vie qu'on leur a donnée.

Nous sommes loin du cas de Robert Latimer, en Saskatchewan, qui a tué sa fille de 12 ans parce qu'elle était atteinte d'une maladie incurable, dégénérative, et qui la faisait souffrir de plus en plus. Meurtre pour lequel M. Latimer a été condamné à plusieurs années de prison, lui.

Dans le cas du Dr Turcotte, il s'agit non pas de compassion mais bien, selon moi, d'égoïsme. Purement et simplement. Cet homme souffrait, personne n'en doute. D'autant plus facile que nous avons tous connu un jour ce qui est convenu d'appeler une peine d'amour. Rien de plus, rien de moins. Cela fait mal, certes, mais ne donne en aucun temps le droit d'enlever la vie à quiconque. Particulièrement celle de nos propres enfants. Peu importe notre état d'esprit.

Supposer qu'il puisse exister des circonstances atténuantes, en l'occurrence la folie, pour justifier un tel geste est aberrant et inacceptable. On en est presque à considérer la mort des deux enfants comme un dommage collatéral d'un divorce qui a mal tourné. Bien évidemment, cet homme était envahi par la folie! Comment peut-on commettre un tel crime en étant sain d'esprit?

Mais est-ce que cette folie doit l'en excuser? Si on veut jouer cette carte, nous ne sommes pas sortis du bois. Je veux bien que les spécialistes de la psyché humaine cherchent à comprendre un tel geste, mais de là à le considérer innocent, à tout le moins «non responsable»... Il ne représenterait plus un danger pour la société, prétendent certains d'entre eux. Permettez-moi d'en douter. On n'est jamais à l'abri d'une peine d'amour... Et voilà, enfin, que M. Turcotte souhaiterait être libéré le plus rapidement possible, s'installer dans une autre province, recommencer sa vie et, qui sait, fonder une autre famille. Un chausson avec ça?

La société dans laquelle je veux vivre ne doit en aucun cas cautionner un tel comportement. Il ne faut d'aucune façon laisser à quiconque l'impression qu'il peut commettre un tel crime et pouvoir s'en tirer. Guy Turcotte ne doit pas recouvrer sa liberté avant longtemps, point final. C'est triste. Il serait beaucoup plus agréable de ne jamais avoir à prendre une telle décision. Mais parfois, cela s'avère nécessaire. Et dans ce cas-ci, ce l'est.