En 2012, tout indique que les Québécois seront appelés aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. La dernière fois, en décembre 2008,  ils avaient été nombreux à bouder l'élection (particulièrement les jeunes). Le taux de participation de 57,3%, alors jugé catastrophique par le Directeur général des élections, était le plus bas taux en 70 ans. Il n'y a aucune raison de croire que la situation pourrait s'améliorer cette fois-ci.

La démocratie semble gravement malade au Québec, comme dans l'ensemble de l'Occident. Depuis les années 1980, le pouvoir politique s'est progressivement éclipsé au profit du monde des finances. Ainsi, aux yeux de plusieurs, la démocratie n'est plus qu'un discours vide, les élections ne sont plus qu'une mascarade et le véritable pouvoir se trouve dans les mains de quelques oligarques. Le portrait est peut-être trop cynique pour qu'on veuille y croire. Toujours est-il que ce scénario obscur nous tend au bout du nez si rien n'est fait pour réformer la démocratie. Que faire donc? Pour le Québec, deux dossiers semblent prioritaires: réduire l'importance de la politique-spectacle et réformer le mode de scrutin.

Les campagnes électorales sont d'abord des campagnes d'image. Une phrase mal placée, un slogan inefficace, une saute d'humeur ou une erreur du passé peuvent coûter son poste à un candidat. C'est cela la politique-spectacle! Normal direz-vous? En effet, le candidat qui se présente doit pouvoir inspirer confiance. Mais n'oublions pas qu'il a d'abord pour mission de nous présenter sa vision du Québec. Ne confondons pas démocratie et téléréalité.

Rectitude politique obligeant, tous les candidats et tous les partis affirment à l'unisson qu'il faut s'attarder aux programmes et aux idées prioritairement. Alors, comment se fait-il qu'en temps de campagne, on favorise encore le clip publicitaire accrocheur et la pollution visuelle (pancartes) et sonore (slogans vides)? Il est temps de mieux encadrer les campagnes électorales, de légiférer pour réduire l'importance du marketing politique et de laisser une place plus grande aux débats d'idées entre candidats et partis. Le rôle de la publicité dans une campagne devrait être de rappeler aux électeurs de voter, pas de leur dire pour qui voter.

En ce qui a trait au dossier de la réforme du mode de scrutin, cela fait des dizaines d'années qu'on reconnaît le caractère désuet du mode uninominal à un tour. Depuis près de 10 ans, le Mouvement pour une démocratie nouvelle (MDN) regroupe des gens de tous les horizons politiques qui militent pour une telle réforme. Même à l'Assemblée nationale, tous les partis s'accordent sur la nécessaire réforme. Mais pour des raisons partisanes, la résolution du problème est sans cesse repoussée. Une fois au pouvoir, les partis politiques craignent l'inévitable, c'est-à-dire de perdre des appuis et d'ouvrir la voie à une assemblée plus diversifiée sur le plan idéologique. Pour protéger ses acquis, on laisse croire aux affres d'éventuels gouvernements instables en cas de réforme.

Pourtant, les gouvernements minoritaires et de coalition sont souhaitables. Ils permettraient à de nouvelles idées d'émerger et de se frayer un chemin jusqu'aux lieux de pouvoir. Ils permettraient peut-être même d'affaiblir la sacro-sainte ligne de parti dont on questionne à l'occasion la pertinence.

Éventuellement, d'autres questions devront être répondues. Il faudra penser à des moyens pour initier mieux les jeunes à la vie politique, dès le primaire. Il faudra aussi se questionner au sujet de la valorisation de la profession de politicien. Pour que ceux-ci puissent devenir des sources d'inspiration, il faut attirer les plus brillants, les plus créatifs et les plus engagés de notre société dans l'arène politique. Tristement, ce n'est pas le cas actuellement.

Les deux solutions proposées dans ce texte ne sont pas révolutionnaires. À elles seules, elles ne favoriseraient peut-être pas une augmentation radicale de la participation aux prochaines élections. Mais modestement, elles contribueraient à replacer le Québec dans la voie de la démocratie.