Hydro-Québec fait payer l'électricité plus cher à nos stations de ski qu'à leurs concurrents américains.

Le Québec se démarque à plusieurs égards par sa culture, sa langue, son ouverture sur le monde, son esprit festif, son fleuve, mais aussi par sa nordicité et son hiver. La saison hivernale est presque inscrite dans notre génétique et nous démarque comme peuple et destination à travers le monde. Qu'on l'aime ou pas, cette réalité est un trait caractéristique de notre territoire et de notre mode de vie. La présence de plus de 75 stations de ski et d'une multitude d'activités saisonnières concentrées sur l'hiver en est le prolongement logique.

Plutôt que de faire de cette particularité climatique un atout, plusieurs acteurs publics voient l'hiver comme une menace. On ferme les parcs municipaux l'hiver, on construit à grands frais des stades de soccer intérieur. On surfacture l'électricité. Les cours d'école sont entièrement déneigées pour éviter que les enfants glissent. Même le ministère des Transports nous bombarde de messages mentionnant: l'hiver arrive, méfiez-vous!

Ironiquement, Hydro-Québec impose aussi une majoration de ses tarifs pour les entreprises consommant entre le 1er décembre et le 31 mars. Résultat: le coût de chaque kilowattheure pour alimenter la fabrication de la neige se situe entre 15 et 25 cents, soit deux à trois fois le tarif domestique. Au même moment, le tarif de grande puissance tourne autour de 5 cents le kilowattheure. Mais qu'en est-il des emplois de l'industrie du ski?

Pendant ce temps, nos concurrents du nord-est des États-Unis obtiennent souvent des meilleures conditions tarifaires que les stations du Québec pour de l'énergie qu'ils achètent à Hydro-Québec. Cette dernière, ainsi que le gouvernement du Québec, sont parfaitement conscients de cette situation, avouons-le un peu illogique, mais chacun préfère se renvoyer la balle plutôt que de proposer une solution pour maintenir la compétitivité de nos entreprises.

Si l'hiver est réellement une image de marque à cultiver au Québec, il faut tout mettre en oeuvre pour corriger cet anachronisme tarifaire qui fait mal à l'industrie du ski.

L'hiver constitue une vitrine exceptionnelle pour nos entreprises touristiques. L'expérience montre qu'il existe un fort potentiel de visiteurs étrangers qui veulent se dépayser et vivre une réelle expérience hivernale. Dans cette compétition avec les grandes villes de l'est de l'Amérique, nous avons un atout géographique et stratégique indéniable et il n'appartient qu'à nous de le mettre en valeur.

Au fond, pourquoi ne pas adopter, après le Plan Nord, une véritable plan pour assumer notre nordicité et développer le tourisme d'hiver au Québec? Tout ceci doit être supporté par des mesures concrètes et, Hydro-Québec, par l'intermédiaire de ses tarifs d'électricité, est un acteur incontournable.

Il ne suffit pas de se vanter d'être un pays d'hiver: il faut y croire et chercher à le développer.