Yannick Noah relance le débat sur le dopage dans le sport. Dans une opinion publiée samedi dans Le Monde, il accuse les sportifs espagnols d'avoir trouver une «potion magique» leur permettant d'être plus performants que les sportifs français. Il conclut que «la meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage». Comme cela, les Français auront une nouvelle chance d'être champion du monde.

Cette conclusion paraît un peu naïve. Le dopage reste une pratique contestable non seulement parce que cela crée des problèmes de santé, mais également parce que chaque sport a des règles qui doivent être respectées, sans quoi, soit le sport perd de son sens, soit l'athlète devient un tricheur.

Une des raisons principales d'interdire le dopage a pour but de protéger la santé du sportif. Mais que faire si certains produits s'avèrent être sans danger? Dans ce cas, devrions-nous accepter le dopage? Pas si sûr.

En effet,  si le dopage était accepté, l'athlète ne serait plus au centre de la pratique sportive. Le chercheur, le scientifique, ou le docteur, capable de produire le meilleur produit, deviendrait l'acteur principal de chaque sport qui se transformerait en un laboratoire scientifique, une espèce de compétition pharmaceutique cherchant à créer les meilleures drogues.

De plus, il va de soit que chaque sport possède certaines règles. Bien qu'arbitraires, elles définissent l'essence même du sport. Si ces règles stipulent que certaines technologies ne peuvent pas être utilisées, le sportif doit l'accepter, sinon le sport perdrait sa raison d'être. Courir un marathon avec des chaussures à roulettes serait simplement ridicule.

On peut donc apprécier les nouvelles technologies qui renforcent la beauté du sport en mettant en avant l'excellence d'un athlète. Cependant, certaines technologies ne devraient jamais avoir leur place dans le sport.

Il est vrai qu'il est parfois très difficiles de savoir ce qui doit être accepté et ce qui doit être banni. Rappelons-nous qu'Oscar Pistorius, un coureur amputé des deux jambes qui court avec des prothèses en carbone, avait reçu l'autorisation de courir les mondiaux avec les «valides». Certains l'accusaient d'avoir un avantage grâce à ses jambes artificielles.  Où est la limite entre ses prothèses et des chaussures à roulettes ? Ce sont les règles de chaque sport qui doivent définir quelles technologies sont acceptables et lesquelles ne le sont pas.

De ce fait, la question qui se pose n'est pas celle de légaliser ou non le dopage, mais bien celle de savoir quelles technologies devraient être acceptées pour embellir tel ou tel sport.

Finalement, si le dopage était accepté, les sportifs qui n'ont jamais voulu consommer certains produits seraient poussés à le faire afin de rester compétitifs, mettant peut-être leur santé en danger. De plus, les tricheurs qui utilisaient déjà certains produits illégaux essaieront de trouver d'autres innovations pour leur donner un nouvel avantage.

C'est pour ces raisons que Yannick Noah se trompe. Car même si les Espagnols se dopent (ce qui n'est pas prouvé), cela ne justifie pas l'acceptation du dopage. Bien au contraire, il faut continuer à le combattre. Quand il y a des tricheurs, il ne faut pas inciter tout le monde à tricher, mais trouver et punir ceux qui le font.