Il est parfois surprenant de constater à quel point certaines personnes sont complètement déconnectées de leur propre industrie. Prenez le cas de l'industrie du taxi. Encore une fois, on peut entendre les têtes dirigeantes se plaindre de leurs malheurs et du déclin dont ils sont les tristes victimes. Quoi de plus facile que d'accuser les BIXI et autres plaies pour expliquer que les chauffeurs ont du mal à gagner honorablement leur vie?

Laissez-moi vous proposer quelques autres explications. Par exemple, les taxis de Montréal sont horriblement sales. Le revêtement des sièges est souvent répugnant, la mécanique des automobiles est plus souvent qu'autrement douteuse, laissant croire que la corruption se trouve peut-être aussi dans le processus d'inspection des voitures-taxis. Pourquoi ne pas imposer un âge maximal de trois à cinq ans pour les voitures? Pourquoi ne pas inviter le manufacturier des taxis londoniens à devenir le fournisseur exclusif des voitures à Montréal? Pourquoi ne pas créer un véhicule pour les conditions de Montréal?

Que dire des chauffeurs? Pour plusieurs, il s'agit de véritables dangers publics qui conduisent tellement mal qu'on se demande comment ils ont pu obtenir un permis de conduire! Qui n'a pas déjà été vert de peur en raison de manoeuvres dangereuses ou de l'inconscience du chauffeur?

Peut-être que les gens prendraient moins les BIXI si les taxis étaient plus propres, que le chauffeur savait conduire mais aussi qu'il ne vous faisait pas sentir coupable de ne pas lui avoir demandé de vous reconduire à l'aéroport Mirabel plutôt que 10 coins de rue plus loin. Le chauffeur vous dira qu'il attendait au stand depuis une heure et qu'il n'a fait que quelques dollars de toute sa journée et le voilà parti avec ses jérémiades pour les 10 coins de rues que dureront la randonnée. À New York, les taxis ne restent pas à des stands. Ils roulent et se font héler.

Mais disons que par bonheur vous tombez sur l'une des rares voitures propres avec un chauffeur qui a un semblant de talent en conduite automobile et qui comprend que tout le monde ne va pas à l'aéroport. Rien ne vous garantit qu'il sache comment vous conduire à votre destination. C'est franchement déconcertant de constater à quel point les chauffeurs ne connaissent pas la ville et je ne parle pas ici des coins obscurs de Montréal. Même les destinations les plus connues semblent être de grandes énigmes pour nos valeureux chauffeurs montréalais.

Force est de constater que la formation des chauffeurs est complètement déficiente. À Londres, les personnes désirant conduire une voiture taxi doivent suivre un cours de trois ans. Ici, on se demande s'ils suivent un cours de trois heures.

Ainsi, avant de blâmer les autres, les dirigeants de l'industrie devraient d'abord penser à ce qu'ils peuvent faire pour améliorer le produit qu'ils offrent. À l'heure actuelle, il ne faut pas se surprendre que les citoyens désertent les taxis. Au prix qu'il en coûte, le consommateur n'y trouve vraiment pas son compte. C'est aussi simple que cela. On ne peut pas offrir le service d'une république de bananes et exiger les prix pour un service cinq étoiles. Éventuellement, les clients ne sont plus au rendez-vous et c'est le début de la spirale descendante.

L'industrie doit donc être revue de fond en comble à commencer par la formation des chauffeurs et la vétusté du parc des voitures taxis.