À l'instar de l'ADQ et de la Coalition pour l'avenir du Québec, ne serait-il pas opportun que Pauline Marois prenne l'initiative et le leadership de la réalisation d'un projet rassembleur, à savoir l'alliance ou la fusion du Parti québécois, de Québec solidaire et du Parti vert du Québec?

Au-delà de leurs différences idéologiques, ces trois partis frères sociaux-démocrates ne poursuivent-ils pas le même objectif commun: une société plus juste qui place le citoyen au coeur de leurs préoccupations dans le respect de l'environnement et du développement durable.

La réunion des forces vives de ces trois partis politiques aurait comme avantage d'éviter le fractionnement des votes lors du prochain rendez-vous électoral et offrirait aux Québécois un véritable choix de programme.

Quant au projet de souveraineté, même s'il n'est pas au goût du jour, il ne devrait faire l'objet d'aucun compromis entre les partis. Car, mettre la souveraineté sous le boisseau durant 10 ans, comme le propose François Legault, et souhaiter s'entendre à tout prix avec le fédéral, risque d'avoir comme conséquence d'affaiblir considérablement le Québec.

N'est-ce pas Léon Dion, père de l'initiateur de la Loi fédérale sur la clarté, qui dans un style imagé s'exprimait à peu près en ces termes: «Sans couteaux sur la gorge, il ne faut rien attendre d'Ottawa».

Face à la dérive actuelle du Parti conservateur, qui aveuglément inscrit sa politique extérieure dans la foulée de son voisin américain et qui veut façonner le Canada à son image guerrière et royaliste et surtout, selon ses valeurs qui ne ressemblent en rien à la société dans laquelle les Québécois veulent vivre, quel serait le discours de François Legault s'il devenait le prochain premier ministre du Québec?

Que lui conseillerait son principal allié, le très fédéraliste Charles Sirois? À l'évidence, comme on peut le constater, ce mélange des genres peut comporter son lot de risques!

Après 43 ans d'existence, le Parti québécois vacille au bord d'un gouffre! Plus que jamais, l'arrivée du parti de François Legault nécessite un réalignement des forces qui pourrait se matérialiser par une alliance PQ-QS-PVQ. Cette alliance aurait comme avantage de combler le déficit démocratique actuel qui risque, si n'est rien n'est fait, d'entraîner lors du prochain rendez-vous électoral une diminution significative du nombre d'élus péquistes, voire même à la disparition du PQ.

Ce risque, faut-il le préciser, n'est aucunement relié à la présence de Pauline Marois à la tête du Parti québécois puisqu'il repose davantage sur un changement de paradigme que sur le choix d'un chef.

Quant aux personnes qui souhaitent que l'entrée en scène de Gilles Duceppe sur la scène québécoise puisse changer la donne, ils risquent de déchanter.

Par contre, à moins d'avoir un comportement politique suicidaire, si Gilles Duceppe décidait de tenter l'aventure, il risque de revivre la même dégelée que le Bloc québécois a subie à Ottawa.

Pour toutes ces raisons, le temps presse que les trois formations politiques entreprennent une véritable négociation visant à s'entendre sur les idées et un programme commun.

Par la suite, si le projet se matérialisait et recevait l'adhésion des instances décisionnelles de chaque parti, suivrait l'étape délicate de choisir des comtés favorisant l'un ou l'autre des candidates ou candidats à haute valeur ajoutée ayant le plus de chance d'être élu, sans opposition de candidats des deux autres formations.

Une telle alliance aurait comme avantage de favoriser la relève et de doter l'Assemblée nationale de nouveaux élus. N'est-ce pas là le message lancé par les Québécois lors de l'élection surprenante de tant de nouveaux députés élus à la Chambre des communes. À moins de vouloir éluder la réalité, le PQ doit prendre acte de cette volonté de changement exprimée par les électeurs.

Dans un contexte de bonne foi de nature à favoriser une entente, quels seraient les gestes concrets qui pourraient être posés dans l'immédiat?

Imaginons le scénario suivant: Françoise David accepte de ne pas être candidate pour Québec solidaire dans la circonscription actuellement représentée par un député du Parti québécois, ce qui s'appliquerait également au Parti vert du Québec.

Quant au député Amir Khadir qui a su défendre avec succès les intérêts des Québécois, il ne se verrait opposer aucun candidat du Parti québécois et du Parti vert dans la circonscription qu'il représente.

Dans un monde en profondes mutations, l'intérêt national ne commande-t-il pas de faire de la politique autrement?