Ce qui porte le qualificatif «privé», que ce soit en santé ou en éducation, a, de nos jours, fort mauvaise presse et une bien terne réputation. On invoque souvent que le recours au secteur privé est un choix personnel dans lequel l'État ne saurait être impliqué de quelconque façon. Pourtant, la réalité n'est certainement pas aussi tranchée.

En matière de service de garde, le recours au privé est souvent l'unique voie vers la survie professionnelle à l'issue du congé de maternité. Il est ici question de garderies privées subventionnées et non pas de garderies strictement privées. La nuance est fondamentale puisque si les deuxièmes sont libres d'établir leurs propres règles, les premières sont soumises aux mêmes contrôles et paramètres que les CPE subventionnés à 100% par l'État.

Le respect de ces normes et l'implantation de l'encadrement exigé impliquent nécessairement des coûts pour les garderies privées subventionnées. Or, ces dernières ont vu leurs subventions augmenter d'un maigre 1,5% au cours des trois dernières années; des miettes de pain devant l'accroissement de leurs dépenses. Plusieurs d'entre elles peinent donc à maintenir leurs services et leur personnel en place.

Le réseau des CPE est une formidable création qui a permis à des milliers de femmes de sortir du cercle de la pauvreté en gagnant le marché du travail. Mais ce système n'est pas parfait et les places manquent cruellement. L'annonce de places additionnelles pour les années à venir n'aide en rien les parents dont le congé parental se terminera dans les prochaines semaines. Chaque père, chaque mère, confronté à cette imminente réalité a son histoire à raconter sur sa recherche intensive d'une place en garderie.

La mienne remonte à 2007, alors enceinte d'un deuxième fils et déjà mère d'un premier âgé de 2 ans. Récemment déménagée sur la Rive-Sud, j'ai inscrit mon foetus sur toutes les listes d'attente de CPE dans un rayon de 10 km de ma résidence. Après de longues recherches, j'ai finalement déniché une place dans une garderie en installation privée et subventionnée. J'y ai découvert un milieu de vie exceptionnel, un endroit sain et sécuritaire où la priorité est donnée au bien-être des enfants.

Mon fils cadet a éventuellement rejoint son grand frère mais par curiosité, j'ai maintenu son inscription sur les listes d'attente de CPE. Il soufflera bientôt ses quatre bougies et je n'ai toujours reçu aucun appel. Je termine bientôt mon troisième congé de maternité et lorsque ma fille fera son entrée à la maternelle, ce seront près de 10 années pendant lesquelles la garderie aura fait partie de nos vies; autant dire qu'elle est un membre, précieux et indispensable, de notre famille.

En ce moment, la ministre James fait la sourde oreille à l'appel à l'aide des garderies privées subventionnées et elle les traite avec condescendance en faisant preuve de rigidité et de fermeture face à leurs revendications alors qu'en réalité, ni le gouvernement ni la population ne peuvent se passer de ces ressources de garde.

À partir du moment où le réseau des CPE ne suffit pas à répondre à la demande, les garderies privées subventionnées deviennent nécessaires et comblent un besoin réel. Dès lors que le gouvernement impose un cadre, une transparence et des lignes de conduite précises à ces garderies, il convient de les traiter avec justice et équité, au même titre que l'ensemble des CPE.

Chaque matin, des milliers d'enfants prennent le chemin de garderies privées subventionnées où ils y évoluent et s'y épanouissent. Il est profondément regrettable que le gouvernement mette en péril la stabilité d'une partie importante de leur milieu de vie en refusant de traiter équitablement les garderies privées subventionnées. Et, encore une fois, les uniques perdants dans cette bataille sont les enfants.