J'aimerais suggérer aux victimes de fraudes en tous genres, à ceux qui se désolent de la collusion, des malversations et des magouilles dans le monde de la construction, aux victimes de crimes gratuits contre les personnes, à ceux qui souffrent de la dégradation de nos moeurs sociales de relever un peu leur regard.

La cause principale de tous ces problèmes se situe tout en haut des institutions qui nous gouvernent. La Cour suprême a perdu le nord! Vous croyez que j'exagère? Prenez d'abord un petit cinq minutes pour lire la récente décision de cette Cour dans l'affaire Armande Côté (celle qui s'est débarrassé de son mari en lui logeant une balle dans la tête).

Les juges ont conclu à huit contre un que le respect de la «vie privée» de l'accusée était plus important que la nécessité de faire respecter les lois visant à assurer l'ordre et protéger le droit des victimes. C'est tout simplement renversant.

Pour la Cour suprême, le respect de la vie privée est devenu plus important que le respect des lois. «La violation a touché les droits de C (Armande Côté) à la liberté, à la dignité et à la vie privée. Partant, l'absence d'autorisation préalable de la fouille a gravement bafoué son attente raisonnable en matière de vie privée.»

La Cour considère aussi la nécessité de «l'autorisation préalable» plus importante que la recherche de la vérité et de la nécessité pour les citoyens de respecter les lois et d'assumer les conséquences de leurs actions. D'ailleurs, «l'autorisation préalable» ne sera accordée que si les policiers ont des raisons sérieuses de suspecter une activité criminelle. Donc, il faut presque avoir la preuve avant d'avoir le droit de recueillir la preuve. On se souviendra de la jeune fille récemment acquittée d'avoir comploter pour participer à une émeute. Le fait qu'une manifestation se préparait et qu'elle était avec un groupe de jeunes venant d'enfiler  des cagoules ne justifiait pas aux yeux de la juge, que les policiers fouillent son sac à dos et y découvrent des cailloux.

Certains affirment que c'est pour nous éviter de vivre dans un État policier. Ce n'est pas vraiment le cas, cette même obsession de la vie privée est également appliquée aux enquêtes sur le travail de la police. On a accordé aux policiers le «droit au silence» même dans les enquêtes administratives. Il me semble que si un policier estime lui-même avoir agit de façon à s'exposer à des accusations criminelles il devrait avoir l'obligation d'en prendre acte et de présenter sa démission avant de pouvoir invoquer ce droit au silence.

Alors, on pourra bien faire des enquêtes publiques sur la collusion, la fraude et les malversations, faire de nouvelles lois et tenter de ramener le respect des lois comme une valeur morale respectée, cela ne donnera strictement rien tant que la Cour suprême accordera autant de facilité aux personnes malhonnêtes et irrespectueuses des lois à se défiler.

On peut se consoler en constatant qu'il n'y a pas d'indices permettant de croire que ces juges ont un parti pris pour les criminels. Il semble que ce soit davantage par naïveté, dogmatisme et difficulté de reconnaître les effets pervers de certaines de leurs décisions qu'ils sabotent ainsi la moralité publique. Espérons qu'un jour, ils sauront s'ouvrir les yeux.